(Pv. Otilie)(Terminé) Dim 29 Mai - 22:53
POSTÉ PAR JAYDEN MYRIOT
J’étais assis sur le plancher de ma chambre, le dos contre mon lit, écoutant de la musique avec mes gros écouteurs pour passer le temps. En fait, je ne portais pas réellement attention à ma musique, j’étais plutôt en train de réfléchir à tout et n’importe quoi. Je pensais au fait qu’Éthienne avait été transféré de chambre pour une quelconque raison. Je ne pouvais pas dire que j’étais indifférent mais ça ne me faisait pas vraiment de peine non plus. Même si nous étions colocataires, je ne le connaissais pas vraiment. Quelques fois, nous avions eu des discussions, mais elles n’avaient jamais abouti à quoi que ce soit de bien sérieux. Par contre, je ne pouvais pas dire qu’il n’avait pas été un bon coloc. Il était gentil, il s’occupait de ses affaires sans jamais me déranger dans des moments inopportuns et il ne s’était jamais plaint de quoi que ce soit, sachant qu’il y avait certaines choses sur lesquelles je n’avais pas de contrôle. Je me demandais si quelqu’un allait le remplacer, et si c’était le cas, quelles étaient les chances que je tombe face à quelqu’un d’aussi sympathique et compréhensif. Elles étaient horriblement minces en fait…malgré qu’elles étaient déjà plus grandes que si j’avais été quelqu’un de normal, je veux dire, la plupart des Nekos ont été traités d’une façon inhumaine dans un sens ou un autre…
Je regardai alors par la fenêtre, me disant qu’il ne fallait pas que je commence à présager le pire, ça ne pouvait que m’attirer des ennuis. Un soupir s’échappa de ma bouche. J’en avais assez d’être coincé ici. Certes, je pouvais aller me promener la nuit sur le pensionnat, mais je commençais à me lasser de l’endroit. J’avais envie de sortir de l’enceinte de l’académie pour voir de nouvelles choses…Bien sûr, c’était totalement impossible. Passer les gardes du pavillon c’était une chose, mais sortir de l’école s’en était une autre. En plus, je ne souhaitais pas particulièrement m’attirer des ennuis, pour une fois que je n’en avais pas vraiment, ou devrais-je dire, moins, ce n’était pas le temps de retourner la situation contre moi.
Je finis par me lever, lançant mes écouteurs et mon mp3 sur le lit pour m’installer silencieusement à mon bureau. Il était tout de même deux heures du matin, et je n'avais aucunement l'intention de faire du tapage pour réveiller qui que ce soit. J’ouvris la lumière sur mon bureau et pris mon agenda dans mon tiroir. Je le feuilletai pendant quelques minutes pour vérifier que tous mes travaux étaient terminés. Il n’y avait rien que je pouvais avancer pour l’instant, donc rien pour passer le temps. Je n’avais pas envie de dessiner ou de lire, en fait, rien ne me tentait à ce moment-là. Je fermai ma lumière et pris mon manteau de cuir que j’enfilai rapidement. Même si les jours se réchauffaient, les nuits restaient fraîches et je n’avais aucunement l’intention de me rendre malade.
J’ouvrai la fenêtre et sortie par celle-ci, glissant mes doigts entre les briques et escaladant le pavillon comme j’avais habitude de le faire à Montréal. Ça faisait un bon moment que je n’avais pas fait ça, et je commençai à perdre la main. Je pris quelques minutes pour me réhabituer et ça me fit du bien. Je me sentais un peu plus chez moi, même si chez moi ce n’était pas le paradis, je m’en ennuyais en quelque sorte. Je m’ennuyais de mes escapades nocturnes en ville et du parkour. À Montréal, c’était facile de pratiquer le parkour, mais ici? C’était pratiquement impossible, il n’y avait rien de vraiment extraordinaire dans les environs pour m’exercer.
Lorsque je finis par atteindre la clôture qui entourait le toit du pavillon, j’entendis des bruits un peu plus loin sur celui-ci. J’escaladai alors la clôture jusqu’en son sommet et sautai sur un des blocs porte à proximité sans aucun bruit. Je constatai alors que cette chère Lie s’entraînait du côté des bouches d’aération. Je l’observai pendant quelques instants puis décidai finalement de m’asseoir au bord du bloc pour la regarder faire. Elle était très agile et on pouvait voir qu’elle avait l’habitude de se déplacer de la sorte. Chaque mouvement qu’elle exécutait était précis. Que ce soit dans la vitesse, dans la force ou dans la position, tout était calculé et frôlait la perfection. Je ne pouvais pas dire que je restai indifférent devant de telles manœuvres, elle était douée et je le reconnaissais pleinement. C’était plutôt drôle, car, plus j’y pensais, et plus je réalisais à quel point nous nous ressemblions. Même si nos caractères sont totalement différents, on se ressemble vraiment beaucoup et je le réalisais de plus en plus.
Elle ne m’avait pas remarqué alors, lorsqu’elle s’arrêta pendant quelques secondes je lui dis d’un ton sincère;
- T’es vraiment douée tu sais, s’en est même impressionnant.
Elle se retourna semblant légèrement surprise. De mon côté, j’avais un petit sourire sur les lèvres. Je ne lui avais pas vraiment reparlé depuis la dernière fois, mais j’étais de bien meilleure humeur et je n’avais pas l’intention que ça vire au désastre une seconde fois. Pour ce qui était de Lie, elle me regardait l’air un peu suspicieuse, se demandant probablement ce qui me prenait.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle perspective (Pv. Otilie)(Terminé) Dim 12 Juin - 20:26
POSTÉ PAR OTILIE SCHATTEN EDELSTEIN
Il devait être une heure du matin lorsque je me réveillai des suites d’un autre cauchemar horrible où l’œil de Jayden s’ouvrait dans le noir, et que sa rougeur sanguine me fixait. Comme d’habitude, il se mit à me poursuivre, sa pupille verticale se transformait en couteau et me transperçait, puis son iris glissait le long de mon dos pour s’étendre sur le sol comme une mare de sang. Habituellement, je me réveillais à ce moment, mais cette fois la pupille scalpel suivit le chemin de l’iris et vint se placer sous mes pieds avant de s’ouvrir en une immense gueule garnie de crocs sanglant et de m’avaler. Horrible.
Je secouai la tête pour me débarrasser de ce désagréable cauchemar et de la peur qu’il laissait blottie dans mon ventre à tordre mes entrailles. Je me demandais de plus en plus pourquoi son œil me terrorisait tant, mis à part sa couleur et sa pupille verticale. Après tout, ce n’était qu’un œil, et aux dernière nouvelles Jayden ne m’avais rien fait de mal. De plus en plus de nuits me conduisaient vers ce mystère, et ces rêves sans queue ni tête commençaient vraiment à me taper sur les nerfs. J’aurais pu justifier cela sur son étrange ressemblance avec Lui, mais… Je ne sais pas, tant qu’à ça j’aurais pu carrément rêver à Lui. Je soupirai; j’avais en quelque sorte besoin de me changer les idées. Je me levai, me dirigeant vers ma penderie, et pris une de mes combinaisons. Je la revêtis puis marchai quelques pas, question d’assouplir le cuir un peu; il y avait un bon moment depuis la dernière fois où je l’avais mise. Cette combinaison comportait une grande capuche et j’y avais laissé mes deux holsters, bien que maintenant vides; je n’avais pas réussi à importer mes deux revolvers. La remettre aujourd’hui allait me permettre de m’entrainer avec vision réduite, et donc de me concentrer encore plus pour ne pas penser à ces rêves dérangeants.
Je sorti par la fenêtre puis escaladai le mur de brique et la clôture autour du toit. Je remontai ma capuche, puis commençai quelques échauffements. Malgré l’heure, mes yeux me permettaient de voir parfaitement le paysage autour, à la façon d’un grand félin. Je terminai de m’étirer et puis observai un peu les alentours, tentant de sélectionner le parcours qui me semblait le plus difficile parmi les blocs porte et les bouches d’aération. Je m’élançai, dénouant mes muscles dans la course avant d’entamer un saut de chat, puis une roulade, courir encore et sauter de nouveau, m’immergeant dans une routine de plus en plus complexe malgré la simplicité des obstacles. Au bout d’un moment, je m’arrêtai, question de me détendre et respirer profondément l’air frisquet aux alentours. Je fermai les yeux un instant, puis inspirai de nouveau. J’aillais repartir lorsqu’une voix m’interpella, brisant ma concentration. Je devais d’ailleurs être trop concentrée, puisque je n’avais entendu la personne, en l’occurrence Jayden, s’approcher. Je rapportai mon attention sur ses paroles, malgré mon désappointement de le voir ici. Après tout, je venais pour fuir toute pensée de lui.
- T’es vraiment douée tu sais, s’en est même impressionnant.
Je me retournai, surprise. Ce qu’il venait de dire tombai carrément dans la catégorie étrange. Pourquoi me complimenter, là, maintenant? Je me secouai mentalement.
-Eum… Ok. Merci, mais si j’avais été si bonne, je t’aurais entendu arriver.
J’avançai vers le bloc au bord duquel il était assis. Sa proximité me mettait profondément mal à l’aise, mais je me devais de faire au moins à semblant que tout était normal, par habitude ou par principe, je ne sais trop. Je levai les yeux vers lui et me creusai la cervelle pour trouver de quoi de normal à dire. À près tout, il essayait d’être sympathique, je pouvais bien essayer de faire de même… Même s’il me foutait toujours autant les jetons. Je ne lui avais pas vraiment reparlé depuis le désastre voilà déjà trois semaines, qui s’était soldé par la livraison express de ma combinaison devant ma chambre, sans plus ni moins. Je revins à la conversation.
-Qu’est-ce qui t’amènes ici aussi tard?
Question stupide. Pour la simple raison que ce genre de question en attire d’autre et que je n’avais pas vraiment envie de parler de mon cauchemar. En désespoir de cause, je le hélai de nouveau.
-Belle nuit, n'est-ce pas?
À vrai dire, je trouvais ce style de conversations plutôt ennuyantes et n'avais absolument pas envie de la mener avec Jayden, mais bon, je pouvais toujours espérer qu’il morde à l’hameçon et je ne sais quoi, oublie ma question précédente. Je m’accotai nonchalamment sur le mur du bloc porte, me donnant une certaine contenance et un peu plus de confort.
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POSTÉ PAR JAYDEN MYRIOT
-Eum… OK. Merci, mais si j’avais été si bonne, je t’aurais entendu arriver.
Bah voyons! C’était quoi le problème cette fois? Je veux dire, pourquoi elle aurait fait attention à savoir si quelqu’un arriverait sur le toit à deux heures du matin? Enfin bon, elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait, je n’en avais absolument rien à faire. Elle s’approcha alors du bloc-porte, l’air peu certaine, mais comprenant tout de même que je faisais un effort pour garder une atmosphère relativement normale. Une fois arrivée à proximité du bloc, elle me demanda ce que je faisais à ici à cette heure. Quoi? Je n’avais pas le droit d’être là? Et puis je pouvais tout aussi bien lui renvoyer la question, quoique je n’en avais pas envie, et elle non plus apparemment, puisqu’elle s’empressa de se reprendre et de me parler du beau temps. Quoi de plus ennuyeux que de parler du beau temps? C’était vraiment le pire moyen qu’elle aurait pu trouver pour détourner la conversation…De toute manière, je n’avais pas l’intention de la torturer ou de la forcer à parler, j’étais venus en paix!
Je descendis alors de mon perchoir pour aller la rejoindre. Une fois en bas, je ne pus m’empêcher de remarquer que ce n’était pas la même combinaison que la dernière fois. Celle-ci était munie d’une capuche qui pouvait cacher une grande partie de son visage, même si moi j’arrivais tout de même à bien le déceler, et il y avait aussi deux holsters au niveau de ses cuisses. Elle s’accota alors au mur pour se retrouver dans une position plus confortable. Soudainement, une impression de déjà-vu très intense m’envahit. J’avais vraiment l’impression d’avoir déjà vu cette combinaison, d’avoir déjà vu cette posture... Je fouillai quelques instants dans ma mémoire, à la recherche du pourquoi de cette impression puis, aussi violemment qu’elle était arrivée, la réponse apparu dans mon esprit;
-..!?
***
Je marchais dans la rue, la frustration coulant dans mes veines, telle une rivière déchaînée. Comment pouvait-il me dire ça!? Comment pouvait-il être aussi stupide!? N’était-ce pas évident? N’avais-je pas assez de raisons de vouloir passer à l’acte? J’étais vraiment furieux, et lui, comme un imbécile, continuait à me suivre, me demandant ce qu’il me prenait, me disant de revenir. Pourquoi voudrais-je continuer à parler avec lui vu qu’il n’y comprenait rien? Pourquoi voudrais-je repartir avec lui? Je devais commencer par me calmer, après je pourrais reconsidérer la question, mais pour l’instant, je n’avais aucunement l’intention de m’arrêter. Je déambulais dans les rues sans vraiment me soucier d’où je me dirigeais, mais Damien s’obstinait encore à me suivre.
Je commençai alors à marcher plus rapidement, espérant qu’il abandonnerait la partie. Malheureusement, il était beaucoup trop têtu pour ça, il ne me laisserait pas tranquille, du moins, pas tout de suite. Rapidement, nous nous retrouvâmes dans une ruelle et j’entendis des voix. Au début, je n’y portai pas vraiment attention, mais je finis par m’arrêter. Je pris quelques secondes pour écouter et regarder. Il y avait des gars, ils parlaient de quelque chose d’important… je me concentrai un peu plus, tentant d’étouffer la voix de Damien qui s’approchait de plus en plus. Quelques secondes s’écoulèrent puis je compris. C’était une transaction, mais pas n’importe laquelle, une transaction de drogue. Mes yeux s’agrandirent puis je me retournai, avec l’intention de faire taire Damien avant qu’ils ne nous remarquent. Au moment où j’allais faire signe à Damien pour l’avertir, un coup de feu retentit dans la ruelle. Avant même que je ne réalise ce qui se passait, Damien se retrouvait au sol, hurlant de douleur et je sentis le canon d’un fusil se poser derrière ma tête;
- Couche-toi, et au moindre mouvement, je tire.
Envahi par la panique, je ne pus qu’obéir, sentant chaque membre de mon corps se crisper sous l’effet de l’adrénaline. Des bruits de pas se firent entendre, je devinai alors que le reste des gars que j’avais aperçus se ramenaient avec la probable intention de nous éliminer. À ce moment, la seule chose que je pouvais voir était le visage de mon meilleur ami, tordu de douleur et de parfaite incompréhension. Pourquoi est-ce qu’il fallait que ça arrive? Pourquoi est-ce qu’il fallait que ce soit lui aussi qui soit coincé là-dedans? Après quelques instants, les gars se mirent à débattre en anglais, sur qu’est-ce qu’ils allaient faire de nous. Certains voulaient nous tuer sur le champ, et d’autres souhaitaient avidement s’amuser avant de nous mettre a mort. Je n’entendis jamais de réponse, mais ce ne fut pas très long avant que je ne comprenne le choix. Ils encerclèrent Damien et se mirent à le frapper, riant, s’esclaffant même en entendant le bruit de ses os qui se fracturaient et se délectant sadiquement de ses cris. Moi de mon côté, j’étais complètement paralysé, forcé d’assister à la scène sans pouvoir rien y faire, toujours menacé par la même personne qui n’avait pas bougé d’un centimètre depuis le début.
Mes poings se serrèrent d’eux-mêmes, témoignant de la rage est de la peur qui m’envahissait. J’étais si impuissant, je ne pouvais même pas tenter d’aider mon ami qui était en train de se faire battre à mort sous mes yeux grands ouverts et horrifiés par la scène. Les images s’imprimaient sur ma rétine, pour finalement retrouver leur chemin jusqu'à mon esprit et s’ancrant profondément dans ma mémoire pour pouvoir me torturer jusqu'à la fin de mes jours. Je ne saurais dire combien de temps le massacre avait duré, je ne saurais dire combien de temps j’assistai à ces horreurs sans pouvoir réagir, mais lorsque les hommes s’écartèrent, me laissant le loisir de constater l’état dans lequel était mon ami, j’aurais réellement préféré ne rien voir. Il était là, recouvert d’ecchymoses et de sang, le visage pâle, laissant transparaître une douleur si intense que je pouvais moi-même la ressentir. Il releva ses yeux vers moi, ses yeux me suppliant de faire quelque chose, ses yeux me suppliant de l’aider et de l’amener loin d’ici… C’est alors que je vis l’un des gars sortir son fusil et le pointer sur Damien. Mes yeux s’agrandirent et Damien ne comprit pas, il n’eut jamais le temps de comprendre quoi que ce soit qu’un coup de feu retentit en même temps qu’un coup de tonnerre. Mon cœur s’arrêta net tout comme ma respiration. Son regard s’était éteint, mais il continuait tout de même de me fixer, un voile de terreur recouvrant toujours ses yeux. Non…ça ne pouvait pas…c’était impossible…il était…mort?
Je me mis alors à trembler, ma respiration revint, mais elle était horriblement saccadée, et j’étais complètement horrifié, j’étais sous le choc le plus total. Quelques secondes s’écoulèrent, quelques secondes qui me parurent être interminables puis sans essayer de me retenir, je criai, je laissai sortir un cri de mort que je n’aurais jamais cru capable de pousser. Mon cri retentit dans la ruelle, s’imprégnant probablement dans l’esprit de tous ceux qui l’entendirent. Ce fut alors dans un élan de désespoir, que je tentai d’atteindre le corps inerte de mon ami, mais je me retrouvai bien rapidement cloué au sol d’une balle dans l’épaule droite. Elle m’avait traversé de part en part, sans aucune difficulté, laissant le sang s’écouler derrière elle. Je lâchai un deuxième cri qui fut alors coupé court par un coup de pied de la part de mon agresseur;
- La ferme!
La force du coup m’avait fait tourner sur le dos, laissant tomber mon capuchon qui, jusqu’alors, avait couvert mes oreilles. Je vis alors enfin qui était la fameuse personne qui avait tiré la balle à l’origine de la mort de Damien, et qui probablement serait à l’origine de la mienne. Je fus alors surpris de voir que la personne en question était une fille vêtue d’une combinaison de cuir à capuche, muni de deux holsters aux cuisses. Par contre, ce qui me surpris le plus, c’est qu’à ma vue elle se figea et que j’eus le temps d’apercevoir ses yeux bleus hésitants. Elle finit alors par se retirer et s’accoter contre le mur le plus près, regardant les autres me tabasser.
Je sentis mes côtes se briser sous l’impact de leurs pieds se fracassant sur ma cage thoracique, je sentis mes organes se compresser sous la force des coups que je recevais dans le ventre, je sentis mon tibia se fracturé suite à un coup de batte de baseball, je sentis aussi le sang se répandre sous mon corps frêle et tremblant, mais la douleur physique me semblait insignifiante en comparaison au désespoir et à la peur qui coulaient en moi. Lorsqu’ils m’abandonnèrent à mon sort, croyant que je mourrais suite à mes blessures, j’utilisai les dernières forces qui me restaient pour ramper jusqu’au corps de Damien.
Une fois assez près, je m’accrochai désespérément à lui, refusant de croire à sa mort. Il ne pouvait pas être mort, sa vie ne pouvait tout simplement pas s’achever de cette façon…Il ne pouvait pas mourir à cause de moi…Les larmes coulèrent d’elles même sur mon visage pour s’écraser au sol, se mélangeant au sang dans lequel j’étais agenouillé, ce sang qui n’était pas mien et qui souillait maintenant mes mains. Ne sachant plus quoi faire, je cherchai le cellulaire de Damien, sachant que c’était mon seul espoir. Après un moment je le trouvai et composai le 911. J’entendis alors quelqu’un décrocher;
- 911, quelle est l’adresse de l’urgence?
-J… je suis dans…dans Montréal Nord… dans une ruelle sur… la rue Charleroi…
- Quel est le numéro duquel vous appelez?
- Écoutez, je… je sais pas, j’ai besoin… j’ai besoin d’une ambulance…
- Quel est votre nom?
- Jayden…Myriot
- On vous transfère immédiatement au service d’ambulance, on vous informera de ce qu’il faut faire.
J’attendis quelques secondes, sentant la panique et la douleur faire de plus en plus surface, sentant que je n’arriverais pas à rester calme très longtemps. Ma respiration devenait de plus en plus difficile et je commençais sérieusement à faiblir. Quelqu’un reprit alors la ligne;
- Quelle est l’urgence?
- Mon ami est… il est… il est mort…
- Que s’est-il passé?
- Il est mort bordel! Il s’est fait battre pour finir avec une balle dans la tête! Faites quelque chose, je…je-
- Veuillez rester calme s’il vous plaît.
Je commençai alors à tousser, et chaque poussée d’air me donnait envie de hurler de douleur. Je continuai à tousser sans être capable de m’arrêter, entendant le préposé aux urgences me parler sans être capable de comprendre ce qu’il me disait. Ma toux devenait de plus en plus douloureuse et je compris pourquoi lorsque du sang s’échappa de ma bouche, ruisselant le long de mes vêtements;
- Répondez-moi, êtes-vous blessé?
- Oui… je… je…
- Écoutez, les paramédics sont en chemin, ils se-
Je n’entendis jamais le reste de la phrase. Le cellulaire avait glissé de mes mains, mon corps tremblant de toute part et la toux me reprenant de plus belle. Je toussai encore et encore, gémissant de douleur pour finalement m’effondrer aux côtés de mon ami, la respiration faible, le visage baignant dans le sang et les larmes qui ne cessaient de s’écouler. À ce moment, un de ces orages que je déteste tant se manifesta et la pluie s’abattit sur la ville. Je finis par perdre connaissance au milieu de cette ruelle pour finalement me réveiller cinq jours plus tard à l’hôpital où l’on me confirma le décès de Damien.
***
Je regardai Otilie sans savoir comment réagir. Un mélange de colère, de tristesse et de désespoir m’accabla, me remémorant l’évènement qui s’était produit à peine 10 mois plus tôt;
- Cette nuit-là…cette nuit-là dans la ruelle, c’était toi…
Je la regardais avec un de ces regards meurtriers, un de ces regards qui transpercent votre âme pour tenter de vous détruire lentement de l’intérieur. Elle, de son côté, ne sembla pas comprendre tout de suite, elle ne sembla pas se souvenir alors j’ajoutai;
- C’est toi qui as tiré cette balle sur mon meilleur ami… c’est toi qui m’as empêché de l’aider… c’est toi qui as regardé la scène sans rien faire!
La rage s’était emparée de mon être, me faisant avancer vers Lie qui elle ne bougeait pas. Avant même que je ne m’en rende compte, j’agrippais la jeune femme par le collet et lui donnais un coup en plein visage, l’envoyant au sol un peu plus loin;
- C’est toi qui m’as enlevé la seule personne qui méritait ma confiance! Tu m’as enlevé ma seule raison de vivre!
Je me mis alors à frapper dans le mur à proximité pour évacuer la rage que j’avais refoulée pendant les derniers mois. Ma main était alors en sang et ma respiration bruyante, je devais me calmer sinon, j’avais peur de comment ça pourrait se terminer…
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MessageSujet: Re: Une nouvelle perspective (Pv. Otilie)(Terminé) Lun 13 Juin - 14:43
POSTÉ PAR OTILIE SCHATTEN EDELSTEIN
Jayden arriva face à moi, et en une seconde, son visage changea, comme surpris, intrigué. Puis il sembla se souvenir de quelque chose. Je vis son visage changer, se déformer sous l’effet de souvenirs probablement très douloureux, et une petite alarme s’alluma dans ma tête. « Danger, danger, danger! ». Je m’efforçai de l’ignorer; je ne sais pourquoi, quelque part au fond de moi j’avais l’impression que ce souvenir avait un lien avec moi, même si l’idée était absurde. Après tout, Jayden est Montréalais, et je n’ai visité cette ville qu’une seule fois! Je regardai Jayden, tentant de procéder l’information par moi-même, lorsque je vis qu’il avait de nouveau fixé son regard sur moi. Il sembla un peu perdu pour une seconde, mais l’impression ne dura pas, car maintenant son visage affichait tristesse, colère et désespoir. Déjà de voir des émotions dans sa face impassible était troublant, mais là elles semblaient dirigées vers moi et je ne comprenais absolument pas pourquoi. Il se mit à me parler, d’une voix basse et rauque.
- Cette nuit-là…cette nuit-là dans la ruelle, c’était toi…
La nuit, dans la ruelle!?! Attends un peu que je réfléchisse! On s’est croisé à quelque part? Pardon, mais des nuits dans des ruelles, il y en a eu plusieurs dans ma courte vie, tu sais, dit comme ça ce n’est pas trop clair! Pourtant c’est qu’il avait l’air fichtrement sérieux le gars! Surtout avec le regard meurtrier qu’il fixait sur moi… Intensément… Ok, ça me concernait vraiment, mais je n’arrivais pas à me souvenir… Jusqu’à ce qu’il me donne un peu plus d’indices. La balle sur son meilleur ami, bla bla… ok, lumière dans ma tête, merci de la précision!
***
C’était une nuit sombre et nuageuse, et un orage s’en venait. Je ne sais pas, la température me donnait sacrément l’impression que ça allais tourner au désastre. C’était peut-être moi qui hallucinais après tout, c’est un peu normal d’être nerveux lorsque tu es envoyée comme « agent de sécurité » pour une transaction de drogues dans une ville étrangère, non? Du haut de mes 15 ans ¾ et après 12 heures de voyage avec des douanes plutôt stressantes et risquées, je ne me sentais pas vraiment à la hauteur de la tâche. Toutefois, si l’on m’avait envoyée ici, c’est que quelqu’un dans la gang à laquelle j’appartenais devait juger que j’étais digne de confiance. Restait tout de même que la température me mettait à fleur de peau. La voiture était parquée un peu plus loin, et nous nous dirigions vers le point de rendez-vous, une petite ruelle malfamée de Montréal-Nord. Lorsque nous arrivâmes, les autres gars étaient déjà là, avec leur propre « agent », et nous nous jaugèrent. L’autre gars avait au moins 30 ans, 6 pieds, et la forme d’une armoire à glace. De quoi me sécuriser, après tout, ma job c’était seulement de m’assurer qu’il meure avant moi si sa tournait mal. Rassurant. Du coup, j’étais heureuse que mon visage soit dissimulé par ma capuche, sinon je crois que mon insécurité aurait pu faire tourner la négociation en notre défaveur. J’écoutais moyennement la transaction, tentant de mon mieux de me concentrer sur les alentours. J’essayais encore de me détendre lorsqu’une voix retentit derrière moi. Je dégainai mon Colt Python (revolver) droit, et regardai dans cette direction. Deux gars, l’un plus proche et l’autre plus loin, et pas du tout habillés comme des gars des rues. Tout en avançant vers le premier, je tirai le plus loin. Je n’avais jamais été particulièrement bonne en tir, et je ne le touchai qu’à la cuisse. Je fis un autre pas vers le plus près, qui semblait s’être figé en entendant le hurlement de l’autre. Je levai mon fusil et l’appuyai à l’arrière de son crâne.
- On tha ground, if yah move, I fire!
Criai-je dans un anglais des plus agressifs. Le gars se coucha par terre, comme je lui avais ordonné, très probablement conscient du danger. Décidemment, il ne venait pas des rues, avec ses jeans skinnys et sa veste serrée rouge et noir à capuchon. Les autres gars, ceux qui négociaient tout à l’heure, avaient déjà rattrapé l’autre, dont le visage m’informait que c’était probablement la première fois qu’il avait aussi mal, mais surtout qu’il ne savait pas du tout ce qui allait se passer. Moi oui; un massacre. Les gars commencèrent à argumenter sur ce qu’ils allaient faire de lui.
-Kill him now, it’ll be finish!
-Nah, gotta have fun man, better play a lil’!
-Gonna lose time, Cracker, and I bet yah don’t want that.
-Gotta give him five min’, after’s not gonna be too late to finish him properly.
-Yeah, I’d go for that.
-Shadow, yah keep tha dude calm while we get some fun.
-We’ll let yah put this notch on yer belt, yah got him first!
J’ai fait mon travail. Sans même bouger, je gardai mon revolver pointé sur le gars par terre, et j’observais la situation. Je pouvais voir ses muscles se crisper, et maintenant des larmes coulaient sur ses joues sans même qu’il ne s’en rende compte. La personne qui se faisait maintenant passer à tabac devait être un proche. J’haussai les épaules mentalement. La vie des rues est dure, vaut mieux s’y habituer assez vite si on ne veut pas se faire écraser. J’étais relativement contente; si Cracker m’avais permis de mettre ce gars sur ma ceinture, c’est que j’avais fait une bonne job. J’allais peut-être même en être récompensée. Après qu’environ 5 minutes aient passées, les gars se retirèrent, laissant à moi et au gars que je menaçais tout le loisir d’observer l’épave ensanglantée qu’étais maintenant ce que j’avais supposé être un ami. Le pauvre leva la tête, plongeant ses yeux dans ceux du gars à la veste rouge, en une dernière supplique d’être sauvé. Puis, avant même qu’il ne comprenne ce qui lui arrivait, l’ « agent » de l’autre groupe dégaina son revolver et tira le gars dans la tête. Le dude avec la veste rouge cessa de respirer, puis poussa un hurlement tellement terrible que je me crispai, rentrant la tête dans les épaules en attendant qu’il cesse. Dès qu’il eut fini de hurler, je me secouai et revint brutalement à mes esprits en le voyant tenter de s’avancer vers le cadavre. Sans même y réfléchir, je tirai dans son épaule, et je vis la balle se fracasser sur l’asphalte avant d’être noyée dans le sang. Il se remit à crier, et je lui donnai un coup de pieds entre les côtes en lui criant de se la fermer. Les autres arrivaient déjà pour finir la corvée, et je le frappai encore. Son corps se retourna sous la puissance du coup, et son capuchon retomba sur le sol, me laissant voir son visage tordu de douleur, son œil rouge et ses oreilles de chat. Je me figeai en apercevant ces dernières, puis reculai brusquement; il était comme moi, et s’il mourrait, je ne voulais pas en être responsable.
Les gars parvinrent à lui, puis commencèrent à le frapper aussi violemment qu’ils avaient battus l’autre, et je pouvais entendre les os craquer, casser, le bruit mat des pieds qui s’enfonçaient dans son abdomen sans défense. Après environ une minute, je réalisai que je ne voulais pas qu’un chat comme moi meure, et avant qu’il ne soit trop abimé je hélai les autres.
-Man, we’d better go if we wanna be clear by the mornin’, he’ll be dead by tha time someone finds him.
Certains gars grognèrent, déçus de ne pas pouvoir finir leur petite partie de plaisir, mais tous se rangèrent au final à mon opinion. Personne n’avait envie de continuer cette petite réunion inter-cité bien longtemps. Nous partîmes vers une autre ruelle pour terminer la transaction, puis chacun repartit de son côté, la négociation ayant tourné à l’avantage de Détroit. J’étais bien contente, car c’était probablement ma réaction rapide, plus tôt dans la nuit, qui les avait impressionnés et poussés à ne pas nous provoquer, de peur que ça ne finisse aussi mal pour eux que pour les deux gars.
Cependant, le cri du gars à la veste rouge retentissait encore dans ma tête, et j’avais quelque part espoir que je l’avais sauvé, mais au fond je savais que d’ici deux ou trois jours, je l’aurai oublié, remisé dans une penderie jusqu’à ce que ces informations soient utiles de nouveau. À part les rancœurs, rien ne reste bien longtemps dans les rues, et encore moins la culpabilité.
***
Eum… D’accord, là je suis en face d’un gars que j’ai laissé pour mort après avoir fortement participé à la mort de son meilleur ami, et il a l’air en colère. Quelle logique, d’ailleurs, avoir déjà eu un meilleur ami, je crois que j’aurai été en colère si on l’avait tué… À moins que je ne rapporte la situation à mon papa, parce que dans ce cas le coupable, je l’avais tué… En fait, je trouvais une certaine ironie à la situation, parce que j’étais venue ici pour ne pas penser à l’œil de Jayden, et voilà que je découvrais la raison de ma peur. Peut-être que mes cauchemars allaient cesser maintenant, si je sortais d’ici en vie… Même si je ne croyais pas vraiment devenir un cadavre d’ici la fin de la nuit.
Reste-il que lorsque Jayden m’agrippa par le col, tirant sur le peu de cuir moulant de ma combinaison et m'étouffant, je ne protestai pas. Je vis venir son poing, mais je ne bougeai pas; en un sens, je me disais que je méritais ce coup. Son poing percuta ma joue de plein fouet, et sa main lâcha mon col, me laissant aller m’étaler sur le sol métallique du toit.
- C’est toi qui m’as enlevé la seule personne qui méritait ma confiance! Tu m’as enlevé ma seule raison de vivre!
Je me crispai face à son désespoir, puis commençai à me relever lentement, pendant que Jayden frappait le mur du bloc porte de toutes ses forces, comme pour évacuer une frustration trop longtemps retenue. Je passai une main sur ma joue, et du sang y resta; la peau sur ma pommette avait fendue sous la force de son coup, et j’étais un peu étourdie. Je revins en position debout, récupérant du choc, puis attendis qu’il termine de détruire sa main. Il finit par tout simplement se laisser tomber sur le mur, du sang dégoulinant sur ses doigts, la respiration rauque et saccadée, et je me demandai s’il pleurait. Je me sentais mal à l’aise, et je ne savais pas trop quoi dire.
-J’espère que tu sais comment t’occuper de ça…
Dis-je en pointant sa main. Encore une fois, c’était assez proche de stupide, comme réponse, et je me doutais bien qu’il allait me dire oui. Comme quoi je ne suis pas habituée à me sentir mal à l’aise. J’avais l’impression étrange de devoir dire quelque chose à propos de son ami.
-Si je t’avais connu à ce moment-là, j’aurai peut-être fait autre chose, mais en fait ça aurait pu être n’importe qui que j’aurais quand même tiré… Désolée que c’ait été ton ami…
S’il y avait quelque chose dont je n’avais pas l’impression, c’était d’avoir dit la bonne chose. Il y avait-il simplement une bonne chose à dire? Je regardai Jayden, et pour la deuxième fois de ma vie, je me sentait mal par rapport à la mort de quelqu’un, et lorsque je plongeai mon regard dans le sien, il me sembla mort aussi.
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MessageSujet: Re: Une nouvelle perspective (Pv. Otilie)(Terminé) Lun 13 Juin - 23:04
POSTÉ PAR JAYDEN MYRIOT
Mon front était accoté au mur et je laissai mes bras pendre à mes côtés, le sang ruisselant le long de mes doigts et dégoutant sur le sol. Peut-être aurais-je du ressentir la douleur, peut-être aurais-je simplement dû ressentir quoi que ce soit, mais étonnement, je ne sentais rien, simplement le vide. Mon corps était toujours agité, mais mon esprit lui n’était plus. Dans les derniers mois, j’avais tenté sans vraiment m’en rendre compte, d’enterrer la douleur, j’avais tenté d’oublier ce qui s’était passé… Bien sûr, je n’avais pas oublié, mais j’avais réussi à faire taire ces horribles sentiments pendant un moment. Malheureusement, ce retour brutal dans le passé avait réveillé tout ce que j’avais tenté de fuir, et maintenant, tellement c’était insoutenable, la tristesse, la colère, la douleur et le désespoir s’étaient tous transformés en un vide qui m’avait déjà rongé par le passé. De tous les sentiments, le vide était absolument le pire, c’était comme si l’on existait plus, que plus rien n’était réel et que l’avenir ne pouvait exister. À ce moment là, j’avais vraiment l’impression que chacun de mes repères s’étaient envolés…
Sans que je ne m’en rende compte, Otilie s’était approchée de moi et elle passa un commentaire comme quoi elle espérait que je sache me soigner. Qu’est-ce qu’elle croyait? Comme si j’étais réellement le genre de gars à être incapable de s'occuper de ses blessures après tout ce qui lui était arrivé dans les dernières années… De toute façon, je n’avais aucune envie de lui répondre, ni même de la regarder, je ne voulais pas empirer mon cas. Je fermai tout simplement mon œil pour tenter de reprendre contrôle de mon corps qui était toujours sous l’effet de cette soudaine poussée d’adrénaline. Je commençai par essayer de régulariser ma respiration. L’opération se révéla plus difficile que je ne l’aurais cru, mais après quelques instants, je réussis à stabiliser mon souffle qui, jusque-là, s’était révélé rauque et saccadé. La deuxième étape fut d’essayer de stopper mes tremblements, mais je ne réussis jamais à arriver à terme de cette tentative;
-Si je t’avais connu à ce moment-là, j’aurais peut-être fait autre chose, mais en fait ça aurait pu être n’importe qui que j’aurais quand même tiré… Désolée que ç’ait été ton ami…
Qu’est-ce qu’elle espérait en me disant ça? Que je me sente mieux? Si c’était le cas, elle se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude! Peut-être était-ce aussi pour passer le malaise qui semblait l’habiter depuis un moment déjà. Peu importe la raison de son commentaire, je le trouvais stupide, inutile et bien évidemment frustrant. J’aurais pu lui faire une espèce de long discours par rapport à son commentaire mal placé, mais je me contentai de lui répondre sans la regarder;
- Tch! Comme si ça pouvait t’importer réellement, il n’était qu’un gars parmi tant d’autres après tout…
Le sarcasme dans ma voix se révéla plus acerbe que je ne l’aurais cru. Mes tremblements de rage n’avaient toujours pas cessé et je tentai de rester calme, question d’empêcher la colère de me submerger à nouveau. Je me mordis alors brutalement la lèvre inférieure pour m’aider à me contenir plus facilement. Rapidement, un goût de fer se rependit dans ma bouche, et une coulée de sang traça son chemin le long de mon menton, mais je n’y fis pas attention. Je voulais simplement partir loin de cette fille pour le moment et remettre de l’ordre dans mes idées beaucoup trop confuses pour le moment. Je fini donc par me redresser et tourner dos à Otilie qui n’avait apparemment pas bougé depuis le début. Je lui lançai alors un dernier regard froid et rempli d’amertume avant de me rendre jusqu’à ma chambre.
Une fois arrivé dans celle-ci, je pris le temps de me faire un bandage, sachant les risques que j’encourais si je ne le faisais pas immédiatement. Une fois cela terminé, je retournai dans ma chambre désormais vide depuis le départ de mon colocataire, et je ne pouvais pas dire que ça m’incommodait, puisqu’à ce moment là, je me laissai tomber au sol, n’ayant plus la force de tenir face à la douleur qui me consumait lentement de l’intérieur. Même si les larmes ne coulèrent pas cette nuit-là, le désespoir était bien présent et l’envie d’en finir était plus forte que jamais auparavant…
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MessageSujet: Re: Une nouvelle perspective (Pv. Otilie)(Terminé) Mar 14 Juin - 17:38 Répondre en POSTÉ PAR OTILIE-SCHATTEN EDELSTEIN
J’observais encore Jayden, qui me sembla se crisper à mes paroles. Je me crispai aussi; j’étais vraiment certaine de ne pas avoir dit ce que j’aurais dû dire. Je le regardai tandis qu’il tentait de contrôler sa respiration, et probablement aussi son corps qui tremblait de toute ses forces. Lorsqu’il me répondit, il ne leva même pas les yeux. Probablement que me voir était trop difficile, et étrangement, je n’avais pas plus envie de voir son regard que lui le mien.
-Tch! Comme si ça pouvait t’importer réellement, il n’était qu’un gars parmi tant d’autres après tout…
J’encaissai le choc. Sa façon d’avoir dit cette phrase était comme une porte ouverte sur son cœur, sur un monde de souffrance que j’aurais préféré ne jamais voir. Je ne sais pas pourquoi le voir ainsi me faisait si mal, je suppose que pour la première fois je réalisais la peine que j’avais infligée à des gens, que pour la première fois je voyais le mal que mes crimes avaient répandu. Que pouvais-je lui répondre? Il avait raison, pour moi son ami n’avais été qu’un gars parmi tant d’autre, another notch in my belt. J’arrivai à une conclusion des plus logique; ne sachant pas quoi dire, mieux vaut se taire. Même si je me sentais horriblement mal et que la culpabilité tordait mes entrailles, je me tu. C’était contre ma nature, du moins contre la nature de celle que j’avais longtemps été, mais j’aurais voulu pouvoir faire quelque chose pour le consoler. Je restai silencieuse lorsque Jayden mordit sa lèvre jusqu’au sang. Je ne bougeai pas lorsqu’il se redressa et me tourna le dos. Je laissai son regard froid, amer mais étrangement vide me transpercer. Après tout, qu’aurai-je pu faire? Qui voudrait du coupable pour consoler l’innocent? De toute façon, je savais qu’aucune parole, aucun geste ne console d’un deuil. Je pris une grande respiration, comme pour libérer ma poitrine de l’étau qui l’enserrait maintenant, puis me dirigeai vers ma chambre.
Je changeai ma combinaison pour un simple pyjama noir. J’ouvris le tiroir de ma table de chevet, et sans fouiller bien longtemps, en sortir mon couteau à cran d’arrêt. J’ouvris sa lame, observai son tranchant un moment, puis retirai mon chandail. Sur ma clavicule, il y avait déjà 9 cicatrices, toutes parallèles, toutes des marques sur ma « ceinture ». Les plus longues pour ceux que j’avais tués moi-même, les plus courte pour ceux où quelqu’un m’avais aidé. Je retournai mon regard sur ma lame. Sans fléchir, je l’enfonçai dans la peau recouvrant l’os, traçant une belle ligne rouge et profonde qui ne tarda pas à s’allonger, coulant le long de mes cotes. Cette ligne-là, elle était pour Jayden. Je ne savais pas vraiment pourquoi je l’avais faite, puisque techniquement il était encore en vie, ni pourquoi elle était complète car je ne l’avais pas tué sans aide, considérant qu’il était « mort ». J’avais juste le sentiment qu’en tirant son ami, je l’avais tué mentalement, détruit totalement, et pour la première fois, je n’étais plus si fière des marques ornant ma clavicule.