Les choses qu'on ne voit pas venir [Pv: Jayden Myriot][Mini-RP][TERMINÉ]

Après la partie de basketball qui s’était révélée particulièrement infructueuse (Ray aurait aussi bien joué tout seul), j’avais soupé en réussissant à me concentrer un peu plus sur le moment présent, mais la tentative de faire des devoirs qui avait suivie s’était soldée par une demi-heure de productivité pour deux heures d’échec total. J’étais montée sur le toit d’avance, commençant un entrainement léger que j’arrêtai à 10 minutes de notre rendez-vous. Je répugnais à appeler cette rencontre ainsi, mais je manquais un peu de termes pour la désigner autrement. J’avais passé environ cinq minutes à attendre à côté de la porte, me doutant que Jayden ne viendrait pas par le mur avec sa main et son poignet. J’avais ensuite fait les cents pas pendant ce qui m’avait semblé une éternité (3 minutes) avant de me gifler mentalement et d’aller m’asseoir sur un bloc. Je ne comprenais pas mon irrationnelle nervosité, bien que j’en sache la cause. Ne pas pouvoir l’empêcher m’exaspérait : après tout, ce n’était pas comme si cette soirée allait être autre chose qu’un peu de temps passé entre amis. Pourquoi s’énerver autant? Ce n’était pas la première fois qu’on se voyait après tout! Décidément, mon cas allait en empirant.

Je n’arrivais pas à garder mon calme, alors je sortis de la poche de mon pantalon mon briquet et la cigarette que j’avais quêtée à Sandy ce midi. Je l’allumai du premier coup puis en tirai une petite bouffée pour m’assurer qu’elle ne s’éteindrait pas avant de ranger mon briquet. Puis j’aspirai longuement la fumée avant de relâcher un nuage de boucane au moment où la porte s’ouvrait. Ma cigarette à la main, je me fis tourner sur mon coin de bouche d’aération pour me retourner vers Jayden et lui offrir un grand sourire.

-Salut.

Après une demi-heure à me battre pour rester concentré sur mes devoirs à la bibliothèque, j’avais réussis à commencer mes notes de cours d’histoire, et comme je l’avais prédis, ça me prenait une éternité. Je ne sais pas si vous le savez, mais lorsque vous vous êtes enfoncé une lame à plus de 3-4 millimètres dans les doigts, c’est plutôt difficile d’écrire. En fait, je le faisais plus pour moi-même qu’autre chose, car ça m’aidait à retenir même ça me prenait un temps infernal. Et puis, je me faisais vraiment une joie d’étudier l’histoire si ça pouvait m’éviter de faire des devoirs de maths. Après une heure et demi, j’avais réussis à faire une bonne partie de mes notes alors je décidai qu’il serait temps que j’aille manger, même si en fait, je n’avais pas faim du tout. Il était plutôt rare que j’avais faim pour dire vrai, s’en était presque effrayant parfois, c’était même à se demander si je n’étais pas anorexique ou je ne sais quoi… Enfin bon, je savais bien qu’il fallait que je mange, alors je me dirigeai vers la cafétéria directement. Lorsque j’entrai, j’essayai de passer inaperçu même si le plus gros des élèves avaient déjà mangés à cette heure, je n’avais pas besoin de plus d’attention que je n’en avais déjà eu au courant de la journée.

Finalement, je remontai à ma chambre qui, comme à toutes les fois, me sembla affreusement vide à mon arrivée. Sans Sky, la pièce me semblait tout simplement morte, mais je ne pouvais pas lui en vouloir, il avait toutes les raisons de me détester et de me prendre pour un fou maintenant… Je chassai brusquement cette idée de ma tête, c’était pas le moment de se déprimer, surtout que dans une heure, je verrais Lie, et je n’avais pas l’intention d’arborer une tête d’enterrement, loin de là! Je jetai donc mon sac en bandoulière sur mon lit avant de m’asseoir devant ma machine à coudre pour réfléchir à ce que je pourrais éventuellement confectionner. Malheureusement, je n’y arrivais pas, j’étais plutôt impatient de monter sur le toit pour aller voir Lie, mais je ne voulais pas arriver d’avance, ça aurait l’air, comment dire… étrange. Je finis donc par prendre mon mp3 pour écouter de la musique, au moins avec ça, pas besoin de réfléchir. C’est donc ce que je fis pendant les 50 minutes qui suivirent, et à 9h moins 10, je me préparai à monter. Quand je dis préparer, je cherchais mes « outils de crochetage », car la porte donnant accès au toit était toujours verrouillée. Cependant, j’avais déjà remarqué que le mécanisme de serrure était plutôt simple, alors je savais que je serais capable de m’en sortir avec une bobbypin et un simple trombone, objets totalement banals qui peuvent se révéler très utiles lorsque l’on sait s’en servir.

Je pris donc une veste avant de me diriger vers le toit. Comme je l’avais déduis, déverrouiller la porte fut un jeu d’enfant, encore plus facile que d’ouvrir ma porte d’entrée, car c’est comme ça que j’avais appris, au nombre de fois que mon père avait essayé de me laisser dormir dehors, j’avais finis par apprendre. J’ouvris donc la porte et cherchai Lie du regard pendant un bon deux secondes avant de l’apercevoir un peu plus loin sur un conduit d’aération. Je m’approchai un peu pour la voir se tourner vers moi avec un grand sourire pour me saluer. Je répondis automatiquement avec un grand sourire sur les lèvres. J’avais été impatient de la voir toute la soirée, et j’étais vraiment heureux à cet instant. Cependant, lorsque je m’approchai, je remarquai quelque chose dans sa main : une cigarette, et sur le coup, mon sourire s’effaça. Ça n’avait pas été volontaire, mais je ne supportais pas la cigarette, alors je n’avais pu empêcher ma réaction. Je levai donc les yeux vers mon ami qui semblait un peu incertaine, et je lui dis d’un ton plus ou moins indifférent en pointant sa main;

- J’espère que c’est occasionnel, sinon ça va finir par te tuer.

Oui, j’avais vraiment une aversion envers la cigarette, mais je pouvais faire avec à l’instant, surtout que je ne croyais pas que Lie soit une grande fumeuse, je n’avais jamais remarqué d’odeur de cigarette autour d’elle alors, c’était un bon indicateur. Cependant, s’il s’avérait qu’elle fumait réellement, je n’aimerais pas vraiment ça, je dois l’avouer. Ma mère était morte d’un cancer, et elle ne l’avait pas cherché, alors que la cigarette est le meilleur moyen de courir après cette foutue maladie, voilà pourquoi j’étais particulièrement froid face à l’idée. Cependant, je m’assis simplement à côté d’elle avant de lui dire l’air amusé et pour la taquiner un peu;

- Si mes bras n’étaient pas mal en point, que ce n’était pas toi et que je ne savais pas que je risquais de me faire pèter la gueule, j’essaierais de te l’enlever, mais je tiens pas spécialement à me retrouver à l’infirmerie ce soir.

Non, je tenais plutôt à rester avec Lie et passer une belle soirée qui me redonnerait le moral et qui me ferait partir avec le cœur léger, comme toutes les fois où je me retrouvais avec Lie depuis un certain temps.

Le sourire de Jayden s’évapora soudainement à ma vue, et le mien s’évanouit aussi, effacé par son air grave. Sa main bandée se leva pour désigner ma cigarette, sur laquelle mon regard se détourna.

- J’espère que c’est occasionnel, sinon ça va finir par te tuer.

Je relevai les yeux vers lui, le regardant se diriger vers moi et tentant désespérément d’empêcher mon esprit de divaguer sur sa beauté ou autre truc du genre. C’était à peu près impossible, mais je pense avoir réussi à dissimuler l’effet qu’il me faisait lorsqu’il s’assit à côté de moi. Sa désapprobation évidente de mon activité me mordait plus qu’elle n’aurait dû.

- Si mes bras n’étaient pas mal en point, que ce n’était pas toi et que je ne savais pas que je risquais de me faire pèter la gueule, j’essaierais de te l’enlever, mais je tiens pas spécialement à me retrouver à l’infirmerie ce soir.

Lui pèter la gueule? Moi? Pour une cigarette? Absurde. Peut-être un petit échange de coups amical, pour le principe, mais certainement pas assez pour l’envoyer à l’infirmerie. J’affichai un air un peu outré et incrédule à ses paroles, puis ayant compris le message non-subtil de ses paroles, je tirai une dernière bouffée de ma clope avant de l’écraser sur le bord de la bouche d’aération.

-T'inquiètes, c'est occasionnel.

D’une pichenette, j’envoyai le mégot valser plus loin. Quel dommage, me dis-je, de ruiner une cigarette si peu entamée alors que j’en avais si rarement. J’eus cependant de la difficulté à éprouver un réel regret : la désapprobation de Jayden m’avait donnée envie de m’en débarrasser le plus vite possible.

-Mieux comme ça? lui demandais-je avec un sourire en coin.

Je me surpris à espérer ne pas trop sentir la cigarette, suite à quoi je m’admonestai mentalement de simplement m’en soucier.

Elle me sembla perplexe sur le coup, je ne savais pas si elle avait remarqué que c’était pour la taquiner plus qu’autre chose que je venais de dire ça, car je ne crois pas qu’elle me pèterait vraiment la gueule, c’était plus pour faire allusion à son habitude de se retrouver à se battre avec n’importe qui pour n’importe quoi. Cependant, lorsqu’elle porta de nouveau la cigarette à ses lèvres, je ne pus réprimer un air peu commode de passer sur mon visage, mais elle n’en vit rien puisqu’elle ne me regardait pas. Finalement, je fus soulagé de la voir écraser cette saloperie sur le bord de la bouche d’aération avant de me dire que c’était occasionnel pour terminer le tout d’une pichenette qui envoya le mégot plus loin. J’aurais peut-être dû me sentir un tant soit peu mal de l’avoir fait gaspiller une cigarette comme ça, surtout qu’elle venait apparemment tout juste de l’entamer, mais je n’y arrivai tout simplement pas. J’étais en fait bien heureux qu’elle s’en soit débarrassé aussi rapidement.

-Mieux comme ça?

Elle me fit un petit sourire auquel je répondis immédiatement de la même façon. Mieux? C’est parfait même!

- Vraiment mieux. Désolé d’avoir été aussi brusque, c’est juste que de fumer pour moi, c’est de courir après la mort, et comme ma mère est justement morte d’un cancer sans l’avoir cherché, j’aime pas trop voir ça.

Je fis une petite pause, regardant devant moi, avant de me pencher un peu du côté de Lie pour lui dire en souriant;

- Et puis, je suppose que je me soucie un peu de toi… mais juste un petit peu.

On pouvait voir assez facilement dans mon visage que je blaguais sur le dernier point, car je ne me souciais pas qu’un peu de Lie, elle était vraiment une bonne amie pour moi, et elle essayait vraiment de m’aider, alors je ne comptais pas la perdre, loin de là!

Il me sourit en retour, avant de m’expliquer que selon lui, fumer était courir après le cancer et puisque sa mère était décédée de cette maladie, il n’aimait pas trop ça. Je compris ses raisons, tout en me disant qu’il exagérait un peu. Il fit une petite pause, puis s’inclina vers moi jusqu’à ce que son épaule effleure la mienne. Je réussis avec plus de facilité à ne pas réagir, ni physiquement ni en pensée. Sur quoi il ajouta :

- Et puis, je suppose que je me soucie un peu de toi… mais juste un petit peu.

Son ton était blagueur et son visage aussi, et je me demandai s’il agissait comme ça en temps normal, ou si c’était seulement avec moi. Je ne l’avais jamais vu afficher cet air auparavant outre lorsque nous étions juste nous deux, mais ce n’étais pas non plus comme si je passais mon temps à l’observer. En espérant timidement, sans trop oser, que mon observation soit véridique autant que la phrase que je m’apprêtais à dire, je lançai à la blague :

- Bah, n’essaie pas de le nier, je sais bien que je suis indispensable à ta vie!

Et je le poussai un peu de l’épaule en riant. J’étais sérieusement heureuse de passer du temps avec lui, bien que j’eus conscience de n’avoir aucune chance et que ça m’attriste un peu. Je haussai mentalement les épaules : ce n’étais pas comme si j’allais lui dire et encore moins comme si j’aillais laisser ces stupidités de mon cerveau gâcher les moments qu’on avait ensemble. Je savais bien trop à quel point j’avais de la chance qu’il fut mon ami et, surtout, qu’il fut toujours en vie.

Alors que mon sourire restait plaqué sur mon visage, Lie me lança sur le ton de la blague qu’elle était indispensable à ma vie, me poussant alors un peu de l’épaule en riant. Je ris un peu moi aussi avant d’essayer de prendre un air relativement sérieux et dramatique et de dire d’une voix remplie d’émotion grâce à mes grands talents de comédien;

- Oui, c’est vrai, sans toi, ma vie n’est plus rien Lie!

Je gardai la pose pendant un gros maximum de 2 secondes avant de recommencer à rire, moi-même je me trouvais vraiment trop ridicule. Il faut dire que je ne fait pas l’idiot comme ça habituellement, mais j’avais envie de me détendre pour oublier un peu les derniers événements, alors je me laissais aller sans trop réfléchir pour une fois. Je ne me souvenais pas la dernière fois que j’avais déconné de la sorte, mais ça faisait longtemps, très longtemps, et ça me faisait du bien de décompresser un peu, et ça devait se voir. Je me contentai alors de me tourner vers Lie pour lui sourire. J’étais bien, la nuit était belle, je me sentais rempli d’énergie et j’étais avec une personne que j’adore, qu’aurais-je pus demander de mieux dites-moi?

Jayden afficha un air d’un sérieux dramatique avant de déclarer :

- Oui, c’est vrai, sans toi, ma vie n’est plus rien Lie!

Je pouffai alors qu’il tenait sa pose, puis il commença à rire avec moi et nous nous esclaffâmes en cœur. Après quelques secondes de fou rire, il me regarda, m’offrant un sourire plus sincère que tous ceux que je l’avais vu faire avant. Dès que mon hilarité se fut suffisamment calmée pour que je puisse parler, je pris un air aussi dramatique que le sien (un peu gâché par ma difficulté à le garder) et mis ma main sur mon cœur puis m’exclamai :

-Par chance, mon cœur t’appartiendra toujours, Jayden-chou!

Il me regarda un instant, et j’eus tout juste le temps d’ajouter :

-Qui a-t-il, mon amooooouur?

J’affichais un air exagérément amouraché qui ne tint pas plus d’une demi-seconde avant que mon visage commence à se contorsionner de rire et mon corps à se convulser d’hilarité. Mes paroles avaient un certain fond de réalité qui les rendaient un peu ironique, mais pour l’instant je m’en foutais comme dans l’an quarante. C’était trop drôle, la nuit qui finissait de tomber était vraiment magnifique et je crois que rien n’aurait pu gâcher cette soirée.

À son tour, Lie pris un air exagérément dramatique (dans la mesure du possible), avant de me lancer de façon tout à fait magnifique;

-Par chance, mon cœur t’appartiendra toujours, Jayden-chou!

Je la regardai un moment, c’était quoi ce surnom? C’était vraiment trop affreux! Un sourire commença à s’étirer sur mes lèvres lorsqu’elle me demanda ce qui se passait, disait d’un air faussement entiché. La pause ne tint pas longtemps, elle craqua après une demie seconde et j’en fis de même. On continua de rire comme des imbéciles heureux pendant un bon moment encore, mais lentement, nos rires se calmèrent, et lorsque j’eu enfin réussi a arrêter, je ne pus m’empêcher de lancer un « Pfiou.. .», car il fallait dire que c’était du sport en bout de ligne de rire comme ça. Je me penchai donc un peu vers l’arrière, m’accotant sur mes mains avant de dire tout naturellement à Lie avec un petit sourire;

- Ça faisait vraiment longtemps que j’avais eu la chance de rire comme ça…

Notre fou rire continua un moment, assez pour que mes côtes me fassent mal et que j'aie presque hâte qu'il se finisse. Lentement, notre hilarité passa, mais je faillis recommencer à rire lorsque Jayden fis un « Pfiou...» sonore, laissé à bout de souffle par notre éclat. Ce son exprimait trop exactement ce que je ressentais, ce qui n'était pas surprenant mais quand même drôle. Il se pencha par en arrière, en appui sur ses mains, et je me tournai un peu vers lui. Il me regarda en souriant.

- Ça faisait vraiment longtemps que j’avais eu la chance de rire comme ça…

Je lui souris en retour, et me laissai aller pour un dernier trait de comédie.

-C'est mon sens humoristique qui est juste vraiment trop top, fis-je avec un grand sourire.

M'appuyant à sa manière, je levai les yeux vers le ciel qui commençait à se piqueter d'étoiles.

-J'suis contente de savoir que je peux te faire rire.

Un silence suivit mes paroles, mais ce n'était pas désagréable; on était simplement bien. C'était comme si, pour cet instant, le monde entier était la présence de l'autre et la conscience de la nuit autour. Je me sentait détendue comme presque jamais, et je souriais à la face des étoiles. C'était en quelque sorte ce qu'on aurait pu appeler un moment magique, mais comme toute bonne chose, il avait lui aussi une fin. Le désir de prendre la main de Jayden allait grandissant avec les minutes, comme le son d'un moustique fatiguant qui s'approche de notre oreille, mais je savais que je devais rien en faire. Après quelques minutes, Jayden poussa un doux soupir, et je décidai de repartir la conversation avant que le moment ne s'épuise définitivement. Le son de ma voix me sembla un peu étrange à comparé au silence calme qui avait régné, mais cela ne dura que quelques mots. Je m'étais tourné vers lui, souriant d'un air taquin.

-Comme ça, tu pense que je pourrais te pêter la gueule?

Elle me fit un grand sourire en me ventant son sens humoristique avant de se placer de la même façon que moi, portant son regard au ciel, ce qui je fis aussi de mon côté.

-J'suis contente de savoir que je peux te faire rire.

Un doux sourire se dessina sur mes lèvres à ces paroles alors que je fermais les yeux un instant. « Moi aussi j’en suis heureux » furent mes pensées à cet instant, personne n’avait réussi à me faire rire et me sentir bien dans ma peau depuis si longtemps… Mais Lie, elle trouvait toujours le moyen de me redonner le sourire lorsque c’était nécessaire, et j’avais l’impression qu’elle me comprenait sans que je n’aie à parler… Longtemps j’avais cherché une telle personne, mais qui aurait cru que ce serait elle? Le silence me faisait me rendre compte à quel point j’étais bien en sa présence, et le ciel me rappelait toutes ces nuits passées à le contempler dans mon malheur, mais ce soir, je me rendais compte que mon malheur s’était transformé en bonheur… J’inspirai profondément, comme pour m’imprégner du calme de la nuit qui lentement s’installait avant de soupirer traquillement. Puis, Lie brisa le silence, mais ça ne me dérangea pas, alors je tournai simplement la tête pour l’écouter;

-Comme ça, tu pense que je pourrais te pêter la gueule?

À nouveau, je souris, me souvenant de mes paroles un peu plus tôt. Je me redressai, faisant mine de réfléchir un peu avant de lui dire d’un air moqueur;

- Et bien, connaissant ton côté légèrement agressif… je pense avoir des raisons de le croire…

Je vis un sourire se peindre sur son visage plus serein qu'à l'usuel, puis il se redressa avec une mine faussement pensive. Après quelques secondes, il me dit railleusement:

- Et bien, connaissant ton côté légèrement agressif… je pense avoir des raisons de le croire…

C'était un côté de moi que je ne pouvais nier, mais je ne l'avais jamais usé sur lui, cependant, je décidai instantanément de continuer la comédie. L'agrippant par le devant de son chandail, je lui présentai un rictus déformé par la colère et lui dit d'une voix hargneuse:

-Moi, aggressive? Tu veux t'battre?

Elle m’agrippa par mon chandail, me tirant vers elle, faisant semblant d’être fâchée avant de crier de façon hostile;

-Moi, aggressive? Tu veux t'battre?

Je la regardai un instant sans rien dire avant de regarder derrière moi un moment, me disant qu’il y avait assez de place pour courir, et revenir au visage de Lie, toujours déformé par une fausse rage. Je lui dis alors, l’air toujours un peu narquois;

- Non…mais courir semble être une merveilleuse idée!

Sur ce, je la poussai assez fortement pour qu’elle tombe à la renverse et ainsi me donner le temps de m’enfuir en courant, car je savais bien qu’elle me poursuivrait, c’était inévitable. Je pris alors un instant pour me tourner, courant de reculons, et lui crier pour la provoquer un peu plus;

-Viens me chercher si t’en es capable!

Je me tournai de nouveau, un grand sourire plaqué sur le visage et me remis à courir. Je doutais qu’elle puisse me rattraper, j’avais toujours été un très bon coureur, autant pour l’endurance que le sprint, mais il faut dire qu’avec mes grandes jambes, j’avais un bon bonus de vitesse. Maintenant, je voulais voir combien de temps ce petit jeu pouvais durer, et je pressentais que ce serait très drôle.

Il regarda derrière lui, puis un air frondeur se plaqua sur son visage, et je trouvai ça tout à fait irrésistible.

- Non…mais courir semble être une merveilleuse idée!

Déclara-t'il en me poussant en arrière. Surprise, je tombai couchée sur la bouche d'aération, mais je me relevai assez vite pour le voir trotter de reculons comme pour me narguer alors qu'il me criait:

-Viens me chercher si t’en es capable!

Je me relevai d'un bond alors qu'il se remettais à courir de plus belle et m'élançai à sa poursuite, définitivement emportée par le défi.

-Tu veux parier?

Mais c'est qu'il courrait vite, le crétin aux grandes canes! Si je le rattrapais, ce serait bien ma chance, parce que bien que je sois douée à la course, je n'avais certainement pas son niveau au sprint, surtout que la longueur de mes jambes faisait pâle figure à comparé au siennes. Malgré la perspective probable d'un échec, c'était le sourire aux lèvres que je le poursuivais sur le toît. J'allais bien finir par l'attraper d'une manière ou d'une autre, non?

-Tu veux parier?

Sa voix était remplie de défi, et ça m’allait comme ça, car je m’amusais vraiment comme un petit fou! Je ne me laisserais certainement pas faire, alors j’avais l’intention de me battre aussi longtemps que possible, pour voir qui l’emporterait en bout de ligne. Je la fis travailler pendant un moment, ralentissant un peu pour la narguer avant de repartir de plus belle pour la distancer de nouveau, et je ne pus m’empêcher de rire quelques fois en chemin, j’avais vraiment l’impression de tomber en enfance. Mais toute bonne chose à une fin, et moi ce fut la fin de ma chance qui est souvent de courte durée. Au moment ou je tournai la tête pou voir ou en était Lie, soit encore à une bonne distance derrière moi, un bout de bois se retrouva sur mon chemin, et je ne le vis pas, évidemment. C’est donc pourquoi l’inévitable se produisit, je trébuchai sur celui-ci avant de tomber à quatre pattes sur le béton. Je tentai donc de me relever le plus vite possible, entendant les pas de Lie se rapprocher dangereusement de moi…

Mais c'est qu'il me narguait vraiment, le grand tarla! Il n'avait visiblement aucune difficulté à garder ses distances, et il me le rendait parfaitement évident en ralentissant et en repartant de plus belle, alors que moi je courrais depuis le départ au rythme le plus rapide que je pouvais soutenir sur un long terme. L'adrénaline de la poursuite aidant, j'avais presque l'impression qu'il me poussait des ailes et j'étais à peine essoufflée. Chaque fois qu'il se mettait à rire, je me forçais à augmenter la cadence pour un temps.

J'avais abandonné l'idée de le rattraper sans qu'il n'y consente lorsque la chance tourna de mon bord. Se prenant les pieds dans une quelconque bosse au sol alors qu'il tournait la tête pour mieux me narguer, il se planta magistralement, se retrouvant les quatre pattes au sol. J'eus presque pitié, mais j'étais déterminée à ne pas faire de quartiers. Je piquai un sprint comme je n'en avais presque jamais fait, et alors qu'il avait presque terminé de se relever et s'en allait reprendre sa course, je bondis à la manière d'une panthère et fondis sur lui les bras en avant. Mes mais tendues percutèrent de plein fouet ses épaules, et il vint s'écraser brutalement contre le sol alors que je terminais mon vol d'une roulade gracieuse. Je me relevai du même mouvement, n'ayant presque rien perdu de mon élan, et je repris ma course de plus belle, ne jetant même pas un regard en arrière alors que je m'exclamais:

-Toi, attrape moi si tu peux!

Vu sa performance précédente, ce ne devrait pas être bien long, mais ça promettais d'être vraiment amusant.

J’avais Presque terminé de me relever lorsque les bruits de pas de Lie s’arrêtèrent brusquement. Je n’eu même pas le temps de me retourner ou même de penser que je sentais des mains heurter brutalement mes épaules pour m’envoyer, face première, voir de plus près le béton. Je m’étais vraiment affalé de tout mon long et même si j’avais réussis à canaliser une partie de l’impact dans mes mains, ce fut surtout mon front qui se prit le coup.

- Ouch!

Je n’avais pu le réprimer celui-là, mais la douleur n’était pas si forte, et j’eu tôt fait de me relever lorsque j’entendis Lie me crier d’une voix beaucoup trop triomphante à mon goût;

-Toi, attrape moi si tu peux!

Je piquai un sprint, je n’avais certainement pas l’intention de la laisser gagner comme ça! J’avais un minimum d’orgueil tout de même! Et puis, je trouvais le tout vraiment amusant, alors je comptais faire durer la partie en même temps de vouloir la terminer le plus rapidement possible, car si elle se terminait, c’est que je gagnais. Ce fut donc assez rapidement que je commençai à prendre du terrain, sur ce point là, elle ne pouvait pas me battre! J’avais un gros sourire sur le visage alors que la distance entre nous deux diminuait à vue d’œil. Puis, lorsque qu’il ne restait plus que 2 ou 3 mètres entre moi et Lie, je lui dis;

- Je vais t’attraper!

Comme je l'avais prévu, les pas de Jayden ne tardèrent pas à se rapprocher, et ce ne fut pas bien long avant qu'il s'écrie d'un air triomphal qu'il allait m'attraper. Sachant qu'il m'attraperait en effet sous peu, je voulus tout de même voir à quel point il était proche. Utilisant un petit truc que j'avais appris en jouant au football américain, je donnai un petit coup de pieds pour effectuer un 180° en un pas, avec l'intention de compléter mon tour avec le prochain. Cependant, Jayden se révéla BEAUCOUP plus près que je ne l'avais cru: il était juste devant moi, la main tendue pour me toucher. Déstabilisée par le choc de sa paume sur mon épaule, le tour brusque et son apparition juste devant ma face, je trébuchai sur mon deuxième pas et m'affalai sur le dos, m'écrasant sans grâce ni douceur sur le toit. Les yeux de Jayden s’agrandirent, ne s'attendant pas plus que moi à cela, et en essayant de m'éviter, il suivit mon mouvement descendant, ayant tout juste le temps de tendre les bras pour amortir le choc et se retrouver en appui sur ses mains, son corps me touchant presque, son visage à quelques centimètres du mien.

Sans que je ne m’y attende, Lie se retourna, et je doutais qu’elle sache que j’étais aussi près d’elle en fait, surtout à cause de la suite des événements. J’avais tendu un bras en avant de moi, amis lorsqu’elle s’était retournée, je l’avais déstabilisée et elle était tombée sur le dos. Mes yeux s’agrandirent et je ne pus empêcher ma chute, j’eu d’ailleurs à peine le temps d’amortir mon choc de mes mains. Lorsque je rouvris les yeux, je constatai que seulement quelques centimètres séparaient mon visage de celui de Lie. Je restai figé pendant un moment, fixant Lie, et étonnamment, la proximité n’avait pas envie de me faire reculer, elle fit simplement mon cœur s’emballer alors qu’une drôle d’impulsion monta en moi…………………………………………………….. C’est alors que je l’embrassai. Je n’avais pas réfléchi avant de faire ça, j’avais simplement posé doucement mes lèvres sur les siennes et fermé les yeux un instant. Je laissai cette douce sensation que je ne connaissais pas s’emparer de moi et je profitai du moment au maximum. Ça m’était venu comme ça, et je fus surpris de voir qu’elle ne me repoussait pas. Après un moment, je me détachai d’elle pour voir une Lie aux yeux écarquillés qui me fixait d’un air presque traumatisé. C’est alors que mon cerveau analysa la situation : Et si elle ne t’avait pas repoussé parce qu’elle était sous le choc et qu’elle compte te frapper maintenant? Réalisant alors la stupidité de mon acte, je tournai au rouge pivoine et je tentai de m’éloigner.

Nos visages n'étaient séparés que de quelques centimètres. «Ce serait tellement facile de l'embrasser», me dis-je, un peu triste de savoir que je n'en ferais évidemment rien. Je n'avais aucune chance, aussi bien ne pas gâcher notre amit.... Je crus halluciner lorsque son visage se mit à se rapprocher du mien, que son oeil se ferma doucement et que ses longs cils virent caresser sa joue. Je n'avais pas encore réalisé que je n'hallucinait pas lorsque ses lèvres vinrent se déposer sur les miennes, et ce n'est qu'à se toucher si doux qu'un choc me traversa tout entière et que mes yeux devinrent de la taille de soucoupes. Je n'avais pas grand chose d'autre à voir qu'un gros plan de son visage, et même cela je ne le voyais pas vraiment. J'étais trop occupée à être stupéfiée pour même apprécier le baiser.

Ce n'est que lorsque ses lèvres s'éloignèrent des miennes que je revins à ce monde. Mes yeux encore écarquillés eurent tout juste le temps d'apercevoir un Jayden qui tournait pivoine avant que je ne réalise ce qui venait de se passer. Hey! J'ai même pas eu le temps de fermer les yeux! Avant qu'il n'eut eu le temps de s'éloigner de plus de deux centimètres, j'avais glissé mon bras entre nous deux, agrippant du poing le devant de son chandail pour le tirer vers moi et poser ma bouche sur la sienne, entrouvrant les lèvres pour faire de ce baiser plus qu'un simple effleurement. Un sentiment étrange, comme un choc électrique mais tellement plus agréable, comprima ma poitrine à la douceur du toucher, me coupant le souffle. Il avait entrouvert ses lèvres lui aussi, et elles étaient un peu humides, chaude et délicieusement douces. Mon coeur se remit à battre avec difficulté, et au bout de trop peu de temps à mon gout, je fini par lâcher son col et lui rendre sa bouche, reposant ma tête sur le béton et ouvrant mes yeux pour les planter amoureusement dans les siens.

Alors je commence à peine à me reculer que je vois le bras de Lie qui bouge, et mentalement, je me prépare à l’impact de son poing su ma figure. Cependant, ce fut un tout autre impact qui me frappa pour me laisser troublé et perplexe. Elle agrippa mon chandail avant de me ramener brusquement vers elle pour m’embrasser à son tour. Je restai figé pendant un moment : Qu’est-ce qui se passe? Puis je finis par me dire, malgré l’étrangeté de a situation, qu’il valait mieux en profiter. Je fermai donc à mon tour les yeux et entrouvris doucement les lèvres pour compléter ce baiser qui me semblait si doux, voir même magique. Jamais je n’avais embrassé quelqu’un avant aujourd’hui, mais à cet instant, je pouvais dire que c’était merveilleux. Pendant un petit moment, j’oubliai la situation ou l’endroit où nous étions, j’étais bien, mon cœur, tout comme mon esprit, était léger, mais je finis par sentir la main de Lie relâcher son emprise sur mon chandail, me faisant revenir doucement, mais beaucoup trop rapidement à la réalité. Ses lèvres se séparèrent des miennes et nous ouvrîmes tout deux les yeux. Pendant un moment, rien de bougea, je fixais Lie sans rien dire, mais finalement, tout se remit en marche en moi. J’avais embrassé Lie sur un coup de tête et elle m’avait répondu, mais maintenant j’étais toujours à deux pouces de son visage. Pour la deuxième fois, mes yeux s’agrandirent et je me relevai le plus rapidement possible pour éviter que mon amie ne voie mon visage tourner encore plus rouge que la dernière fois. Qu’est-ce qui t’as pris Jayden? Pourquoi t’as fait ça, hein? Et puis, qu’est-ce que ça veut dire tout ça? T’es amoureux d’elle? Je m’arrêtai sur la question un moment pour me dire qu’il était inutile de nier une telle évidence. Je m’en étais douté, mais je n’étais pas certain, et désormais, j’avais ma réponse. Malgré l’invraisemblance de la chose, j’étais définitivement amoureux de Lie… Mais, si elle t’a répondu, c’est parce qu’elle t’aime aussi, non? Est-ce que ça veut dire que vous sortez ensemble? Est-ce que c’était juste une mauvaise blague? Je ne comprenais rien, et plus d’une fois j’hésitai à poser une question à Lie, mais j’étais tellement confus que je finissais toujours par cacher ma bouche de mes mains d’une façon ou d’une autre, comme pour m’empêcher d’en parler, car en fait, je ne savais pas vraiment ce que je voulais lui demander. Un étrange malaise flottait dans l’air et je n’arrivais pas à regarder Lie, beaucoup trop gêné pour cela. Bordel! Qu’est-ce que je suis sensé faire maintenant?

Nous restâmes ainsi à nous regarder, nos yeux plongés dans ceux de l'autre. C'était presque magique au départ, mais je commençais à revenir à la réalité et mon regard au départ définitivement amoureux changea pour un un peu plus neutre. L'étrangeté de la situation commençait lentement à m’envahir et je commençais à ne plus rien désirer d'autre que m'enfuir, mais je n'osais pas encore repousser carrément Jayden. Je n'en eu d'ailleurs pas besoin: soudainement, son œil s’écarquilla, dévoilant le blanc tout autour de son iris rouge. Aussi rapidement que son expression avait changée, il se lança sur le côté et je l’entraperçus s'asseoir de façon à me tourner le dos alors que je me relevais moi aussi et l'imitait.

Je me mis à fixer le vide devant moi, assise les jambes relevées, et mon cœur se débattait toujours follement dans ma poitrine. Je ne pus m’empêcher de poser poser le bout de mes doigts sur mes lèvres, sans vraiment y croire. J'avais l'impression de toujours y sentir les siennes. Mais qu'est ce que c'était? Surtout, qu'est ce que ça voulait dire? Voilà à peine une minute, j'étais persuadée de n'avoir aucune chance, mais voilà qu'il m'avait... embrassée? Si ce n'était pas pour cette sensation qui restait sur ma bouche, pour ce gout léger, je n'y croirais simplement pas. Est-ce qu'il... m'aimais? Étais-ce seulement possible? Ça pourrait être autre chose, une simple envie sans lien avec l'amour ou je ne sais quoi et bien que cela ne me semblait pas son genre, je n'osais pas me faire d'espoir bien que je ne puisse pas non plus m'en empêcher. Je recouvris ma bouche de ma main, sans oser y toucher de peur que le fantôme de son baiser ne s'envole, n'osant pas non plus parler. Je n'y comprenais rien.

Je ne pouvais pas rester, décidai-je brutalement. J'aurais eu besoin de réponses, mais sur le moment, il me semblait que j'avais encore plus besoin de penser. Je me levai brusquement, toujours de dos à Jayden, et déclarai d'une voix un peu tremblante:

-Eum... J'ai des devoirs à faire alors eum... Je vais y aller, d'accord?

Contrainte, non pas par convention mais plutôt car j'aurais trouvé cela trop étrange, je me retournai lentement, un peu hésitante, jetant un regard fuyant vers lui en espérant ne pas croiser le sien.

J’entendis alors Lie se lever derrière moi, mais je ne bougeai pas, je n’arriverais pas à la regarder, pas maintenant, trop de choses se bousculaient dans mon esprit et de la voir ne ferais qu’empirer ma situation. Puis, aussi brusquement qu’elle ne s’était levée, Lie lança, incertaine, à la hâte;

-Eum... J'ai des devoirs à faire alors eum... Je vais y aller, d'accord?

Je me levai à mon tour, restant toujours de dos, répondant spontanément, nerveusement, sans réfléchir;

- Ou-Oui, moi aussi j’ai des devoirs à faire à 10h le soir, alors, j’vais y aller, bye!

Je pris le temps de jeter un tout petit regard derrière moi, mais je n’arrivai pas à supporter l’idée de croiser le regard de Lie, alors je me désistai rapidement. Je me dirigeai donc vers la porte que j’avais précédemment déverrouillée pour me rendre sans un mot à ma chambre. Lorsque je fini par y arriver (après ce qui m’avait semblé être une éternité), je restai un moment sans bouger, le dos contre la porte, le cœur battant toujours à cause des derniers événements. Je n’arrivais pas à penser à autre chose, je ne pouvais m’empêcher de me souvenir de ce sentiment, de la douceur de ses lèvres contre les miennes ou d’à quel point j’avais tout simplement adoré… Je secouai la tête, il fallait que je me calme. Je me dirigeai donc vers la salle de bain pour prendre une douche, je réussis à relaxer un peu, mais le tout continuait de jouer en boucle dans ma tête. Une fois sorti, je décidai d’enfiler mes pantalons de pyjama et de me mettre au lit. Évidemment, à ce moment s’amorça une longue nuit à fixer mon plafond, l’esprit beaucoup trop sollicité pour pouvoir trouver le sommeil. Et j’étais supposé aller en cours demain? Super…

Jayden se releva sans se retourner. Nerveusement, il me répondit et la tournure de sa phrase ruina totalement mon excuse déjà passablement nulle.

- Ou-Oui, moi aussi j’ai des devoirs à faire à 10h le soir, alors, j’vais y aller, bye!

Il ne me jeta qu'à peine un regard avant de s'en aller avec empressement. Quand à moi, je restai un instant immobile, étrangement déçue qu'il ne m'ait pas vraiment regardée, qu'il ne m'ait pas retenue ou quoi que ce soit. Je n'arrivais d'ailleurs vraiment pas à comprendre cette déception, car au moment ou il était parti, je croyais ne pas pouvoir supporter la tension une seconde de plus. Malgré tout, je ne pouvais m’empêcher de me demander: est-ce qu'il agissait ainsi parce qu'il regrettai? Qu'il avait honte? Ou il était simplement gêné ou confus, comme moi? J'avais jusque là réussi à gérer mes sentiments envers Jayden avec calme, mais il venait de tout chambouler. Je ne savais plus comment mettre de l'ordre dans mes pensées; son baiser m'avait totalement déstabilisée. Et si ce n'était que cela, un baiser? Et s'il n'y avait rien d'autre? Juste à cette pensée, mon cœur se serra, et je réalisai que je n'avais pas réussi à me retenir d'espérer.

Je me décidai finalement à descendre à ma chambre lorsque je commençai à avoir froid, à me tenir ainsi immobile dans la fraicheur de la nuit. Je me mis en pyjama sans grand espoir, et me couchai avec le même enthousiasme. Peu importe à quel point j'appelais le sommeil de tout mes vœux, qu'il fasse taire mes pensées trop bruyantes, il ne viendrait pas de si tôt. J'avais encore le fantôme de ses lèvres sur les miennes, et, sans trop me l'avouer, je n’espérais que qu'elles s'y posent à nouveau.