Un ennemi commun [Pv; Stanley Wilconson][TERMINÉ]

Je poussai violamment Carlson sur le côté, avant d’arriver devant Patrick. Je lui servis un de mes sourires particuliers, de ceux qui présagent très mal. Très, très mal.

-T’es allé là ou t’aurais pas dû, Patrick…

Je le fixai, et bien que je puisse sembler ridicule face à ce garçon de six pieds, je suis certaine que s’il avait été seul il aurait pissé dans ses culottes. Un de ses macaques attrapa mon bras. Je me libérai d’un coup sec. La voix doucereuse, je continuai mon discours.

-Faire tomber Sandy de l’arbre… Il n’est pas vraiment en état de te revaloir ça, mais je vais payer sa dette pour lui…

Je craquai mes doigts. Patrick ouvrit la bouche, mais avant qu’il puisse dire quelque chose, je l’interrompis.

-Oh, Patrick, voyons, tu ne vas quand même pas appeler tes macaques à la rescousse?

Sa bouche se ferma, et je me dis que parfois, il a sérieusement l’air d’un poisson. Je recommençai à parler avant même qu’il ne la rouvre.

-Et ne me dit pas que ce n’est pas toi, je sais que c’est quelqu’un de ta clique, et puis de toute façon, tu me connais Pat… Moi non plus je n’ai pas vraiment besoin d’une excuse pour pêter la gueule de quelqu’un…

-Je crois plus que TU vas finir la face en compote, Schatten. Un peu comme Cendrillon avec sa jambe cassée… N’est-ce pas, Derreck?

Derreck eut un rire d’imbécile. Rectification; Derreck est un imbécile.

-Ce n’est pas ce que le passé a prouvé Pat, et tu t’en souviens autant que moi… Dontcha?

Je crois qu’en ce moment, son visage était susceptible de passer pour une tomate. Quoiqu’à comparer de Derreck, ce n’était rien. Il était devenu bourgogne et soufflait comme un taureau. Je venais d’insulter son dieu, et il ne pouvait être plus offusqué. La rage bouillait en lui. Pauvre con.
Patrick serra le poing compulsivement, puis il le leva pour me frapper. Sauf que j’étais prête. L’adrénaline était à son maximum, et j’entrais dans l’euphorie du combat. Je ne perdais pourtant pas de vue un certain réalisme; je devais être prudente, audacieuse et rapide, aussi contradictoires que toutes ses exigences puissent sembler. Je ne me battais pas avec mon meilleur atout, mon couteau (on est dans une école après tout) et cela me désavantageais. Patrick, bien que l’incarnation de la brute épaisse avec juste assez de cerveau pour être suivi par les autres brutes épaisses, avait de la force, du poids et une certaine agilité. Ce n’était pas un adversaire facile. De plus, je devais le battre vite, avant même qu’il n’ait le temps d’appeler un de ses esclaves à la rescousse, parce que sinon j’allais me faire massacrer, ce qui n’était pas du tout dans mon plan. J’esquivai un crochet droit, me baissai jusqu’à ce que mon genou droit touche presque le sol, esquivait une gauche de justesse, et me relevai brusquement, allant placer un uppercut sous le menton de Patrick. Celui-ci feignit le déséquilibre, et je faillis m’y laisser prendre juste assez pour créer une toute petite faille. Son prochain coup m’effleura les côtes, et mon balan se retrouva précaire lorsque j’évitai le plus gros du coup.

Je reprends mon équilibre en une seconde, encaisse un crochet de droite, ma vision se brouille un peu, mais j’ai connu bien pire. Je réplique par un double droit et un uppercut. Patrick titube un peu, je le frappe dans les côtes, coup de pieds au tibia. Il grogne, mais il est solide et se remet vite d’aplomb. Il me frappe à la mâchoire. J’esquive le second coup, fais une botte, il s’apprête à me frapper de nouveau, et je me détourne juste assez pour éviter le plus gros de sa force. Le gout du sang se répand dans ma bouche, et je suppose que ma lèvre est fendue. Je feins, l’espace d’une seconde, d’être étourdie, avant de claquer violement les oreilles de Patrick. Le coup est réussi et puissant, ses oreilles sonnent comme le glas d’une église, il tombe à genou. Je me redresse, et crache à ses pieds. Je m’apprête à parler quand je reçois un violent coup à la tempe gauche. Je titube, et aperçoit Carlson, l’air fier. Je maudis ce foutu capuchon d’uniforme qui m’a empêché de le voir venir, et je maudis ma distraction. Je tente de remettre d’aplomb quand on me tire violemment par l’arrière, et je tombe au sol. Je roule en arrière pour esquiver les coups de pieds que je vois venir. Problème; quand je me relève, le troisième gorille m’attrape par derrière et me tiens. À la largeur de son torse, je devine qu’il s’agit de Aelfdene (quel nom bizare… difficile de croire que c’est anglais), un gars qui parle si rarement qu’on ne saurait décider si c’est par stupidité ou par relative intelligence. Reste tout de même qu’il doit peser autour de 130 kilos. Impossible de le faire passer au-dessus de ma tête. J’attends donc que Derreck, ce parfait imbécile sans une once de technique de combat, se rapproche de moi avec l’intention de me frapper et un immense sourire de con sur le visage pour relever les jambes et lui foutre joyeusement mes deux pieds dans la face. L’air ahuri qui suivit aurait été vraiment hilarant si Aelfdene n’avait pas décidé de me lancer violemment au sol à ce moment. Décidément, atterrir sur le haut du dos n’est pas l’idéal pour le souffle ni la colonne. Surtout quand une autre brute se dirige vers toi. Avant même que je puisse songer à me relever, je pris un coup de pieds dans les côtes. Un deuxième arrive, j’attrape la jambe de Carlson avant qu’elle ne m’atteigne et je le tire par terre. Promptement, évitant de justesse le pied d’Aelfdene qui avait l’intention de me clouer au sol comme un papillon dans un cadre d’entomologiste, je me relève, toujours étourdie, mais je fais de mon mieux pour ne pas le laisser paraitre.

Je maudis de plus belle mon capuchon, et je tourne rapidement sur moi-même, observant une situation peu enviable; d’un côté, Patrick se relève lentement et la colère brille dans ses yeux, Derreck abhore un air ahuri et enragé, encore plus bourgogne que tantôt à cause du motif de semelle dans son visage. De l’autre, Carlson se remet d’aplomb en craquant les doigts, l’air de la personne qui va sérieusement réduire la gueule de l’autre en pâté pour chat, et Aelfdene a toujours aussi le regard vide mais pas moins menaçait. Et moi je suppose que j’ai la face de celle qui va sérieusement se faire réduire en purée. Normalement, Sandy, Raymond ou les gardes de sécurité apparaissent à ce moment-là, mais ce n’est pas prêt d’arriver. Sandy est dans le plâtre, Ray avec son frère en retenue, et les gardes sont soit en train de chercher un T qui a encore disparu ou en train d’essayer de régler la bataille générale qui à éclater un peu plus loin. Moi, je suis sérieusement dans la merde. Je scrute les alentours, et je ne cherche plus qu’une chose; une occasion de dégager.

Je me demandais sérieusement ce que j'allais faire de ma journée. Et "le problème" fut vite résolu car l'envie de dormir sous un arbre me plaisait bien. C'est donc tranquillement que je partis en direction du parc. Cherchant du coin de l’œil un endroit paisible pour m'allonger. Plus j'y pense, plus je me dis que je passe un bon tiers de mon temps à dormir ici. Je ne me souvenais pas être aussi paresseux. Il fallait sérieusement que je me reprenne en main, et au plus vite. Le parc était anormalement vide, et j'en compris la cause car un peu plus loin il y avait une bagarre et bon nombre d'élèves étaient en train d'observer. L'affrontement mobilisait quelques gardes, qui ne semblait pas savoir où donner de la tête, contenir l'effet de foule ou alors séparer les deux adversaires, le dilemme leur paraissait insurmontable.

Je passai mon chemin, tout en cherchant assidument l'endroit parfait pour me prélasser. C'est alors que je cru apercevoir Patrick et sa clique de gorilles. Au début je ne m'en préoccupai pas, bien au contraire, mais c'est à partir du moment où je compris qu'ils étaient en train de tabasser quelqu'un sans vergogne que je me suis avancé dans leur direction. Quatre contre un, franchement ce sont de vrai lâches, il faut toujours qu'ils soient en nombre supérieur pour remporter la victoire? Ils me mettaient vraiment hors de moi ces types.

J'avançai un peu plus rapidement, courant presque vers le petit groupe qui s'était formé. Leur adversaire se défendait plutôt bien, même s'il était seul contre eux. Je ne voyais pas très bien s'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille, mais je reconnu son uniforme, classe N. Patrick et sa clique l'entourait maintenant, je ne pris pas le temps de poser de question et j'intervins, en m'adressant au "chef de la bande".

- Hey bouffon!

En soit, la situation aurait put paraitre comique, car lorsque j'avais appelé Patrick, toute sa petite troupe s'était retourné vers moi. Bon faut dire aussi que le terme "bouffon" s'appliquait parfaitement pour décrire chaque membre de sa troupe ici présents. Enfin bref, pour en revenir à l'action en cours, Patrick se retourna vers moi, je lui envoyai alors directement un crochet du gauche au visage, suivit d'un uppercut que je plaçai dans son ventre. Il se cambra légèrement, et fut quelques peu déstabilisé car il ne s'attendait pas à ce que je me joigne à leur petit affrontement. Je levais mes poings prêt à enchainer les coups. La voilà ma revanche tant attendue. Alors qu'armais mon bras afin de continuer de m'occuper du cas du gorille en chef, un de ses macaques me stoppa, en me saisissant par l'arrière. Je me débattis un instant, et arrêta quelques secondes en apercevant du coin de l’œil que le/la classe N se battait lui/elle aussi avec deux des macaques. Il/elle était même en train de leur régler leur compte dans les règles de l'art.

Le sbire me tenait toujours fermement. Patrick avança vers moi un sourire aux lèvres, tout en tenant son poing dans sa main, prêt à me faire payer amèrement mes coups. Il prit alors la parole, avec sa voix rauque et agressive:

- Tu vas me le payer...

Il était vraiment temps que je me dégage au plus vite, si je ne voulais pas me faire démolir. Je donnai un coup de tête violent en arrière, en direction du visage du macaque qui me tenait jusqu'alors. L'action eu l'effet escompté car, mon agresseur lâcha prise immédiatement. J'eus à peine le temps d'esquiver un coup de poing de Patrick, qui m'aurait très certainement cassé le nez, encore. Le macaque a qui je venait de donner un coup de tête bien senti me donna un coup de poing dans les côtes, qui me fit tressaillir un instant, Patrick en profita pour revenir à l'assaut, et me donnant un direct du droit en plein dans l'estomac. Je ripostai automatiquement, en donnant un coup de coude dans le visage de l'un, mais mon second coup n'eut pas le temps d'atteindre le chef de la bande. On va dire que je me battais avec le macaque, et que je frappais dans le vide lorsqu'il s'agissait de Patrick. Soit il esquivait, soit je n'avais pas le temps de l'atteindre que l'autre abruti me sautait dessus. Surtout qu'avec mon bras droit défectueux, l'atteindre était une mission vraiment périlleuse.

Entre deux coups, je zieutais vers mon allié de fortune qui était encore en train de s'occuper des deux autres sbires, très bien même. Je ne m'attardais pas longtemps et repris aussitôt mon combat, enchainant les coups sur mes adversaires, bien que j'avais beaucoup de mal à toucher Patrick. D'ailleurs j'encaissais la plupart de ces coups, qui étaient plus violent que jamais. Son copain, par contre, n'était pas très doué en matière de combat, du moins j'arrivais facilement à le battre. Patrick s'amusait à nous regarder nous battre moi et son macaque, et quand il voyait que je prenais le dessus, il intervenait en renversant la tendance. C'est vrai que j'avais largement sous estimé la puissance et la technique du petit ami d’Éris. Je me sentais honteux de n'avoir réussi à lui assener que deux coups depuis le début du combat, et c'étaient ceux de mon arrivé. Finalement Patrick me délaissa pour repartir se battre avec l'autre adversaire, il échangea sa place avec un de ses macaques qui vint le remplacer contre moi. Bien qu'au début, j'étais un peu contre de laisser Patrick se battre avec mon allié de fortune, je me rendis bien vite compte qu'il était plus doué que moi en matière de combat. Finalement après quelques instants, un cinquième macaque arriva en courant vers nous:

- Patrick, les gardes arrivent!

On s'arrêta tous, je commençai personnellement à être essoufflé, mais en regardant la tête de mes deux adversaires j'étais très content de moi. Ils s'en étaient prient plein la tête. Patrick prit alors la parole:

- Venez, on s'arrache. Il commença à partir, avant de jeter un regard vers le/la classe N (faut dire que je n'avais pas encore aperçut son visage, même si sa carrure sous entendait fortement que se soit un garçon) Schatten on se reverra. Il détourna les yeux vers moi et me dit avec un sourire mesquin. Et toi, t'es mort.

Je restais en silence reprenant mon souffle, sans relever sa réplique.

Une fois que cette petite menace proférée, Patrick suivit de sa clique s'en alla. Et dès qu'ils furent hors de porté mon compagnon d'infortune se mit à rire. Je me retournai vers lui, un sourire en coin mais assez perplexe tout de même.

-T’es foutu mon gars!

Oh... Oui, apparemment. C'est vrai que, là, je suis vraiment dans le pétrin. J'ai un peu trop sous estimé Patrick. Je n'aurais pas cru que son manque de matière grise allait être compensé en muscle, enfin pas je m'en doutais mais pas autant. De toute façon je ne compte pas me laisser faire pour autant, surement pas. Même s'il faut qu'il me démonte ma seule épaule encore opérationnelle pour arriver à ses fins. Je ne me laisserai pas intimider.

Quoi qu'il en soit, mon allié trouvait la situation très drôle. Je souriais de le voir aussi hilare, même si son euphorie titillait quelque peu mon égo. Mon sourire s'en alla cependant lorsqu'il s'arrêta de rire. Une douleur lancinante semblait l'assaillir. Il se pencha en avant, comme pour reprendre son souffle. Il resta dans cette position quelques instants. Je tentais tant bien que mal de mon côté, de reprendre aussi mon souffle. Tout en zieutant quelque peu le classe N, pour voir si tout allait bien, ou si du moins, il reprenait des forces (faut dire qu'à quatre contre un, même si j'avais entrevu qu'il était très doué au combat, ça laisse des traces). On était tout les deux dans un piètre état, lui plus que moi. Faut dire qu'on avait pas eu les même adversaires, même si les macaques étaient assez simplets dans leur manière de combattre, Patrick était ennemi redoutable. Et mon compagnon d'infortune l'avait combattu pendant plus longtemps que moi. Justement, celui-ci se redressa, crachant un peu de sang à terre.

-J’sais pas pourquoi tu m’as aidée, man, mais tu m’as sorti d’un sale pétrin! Apparemment on a un ennemi commun!

Me dit-il avec un large sourire et un clin d’œil. Enfin, je crois que c'était un clin d’œil. Faut dire que sa paupière avait été touché et commençait légèrement à enfler, du coup je ne savais pas vraiment si c'était un tic du à la douleur ou un vrai signe amical. Il me tendis alors la main. Bon, et bien je vote pour le signe amical alors.

- Moi, c’est Schatten, toi?

Je serrai sa main qu'il m'avait précédemment présenté. Je lui fis aussi un sourire avant de répondre.

- Stanley. Je fis une petite pause, puis décidai de répondre à sa première interrogation. Et comme le chef des gorilles ne sait pas se battre seul, et qu'il ramène toujours sa clique, j'me suis dit qu'un peu de renfort serait le bienvenu.

Je fis de nouveau un sourire à la fin de ma phrase. Bon, on était toujours en sous effectif mais au moins c'était un peu plus juste que lorsque Schatten était seul face aux quatre macaques. Et justement j'étais surprit qu'il ai tenu aussi longtemps face à ses assaillants. Il se battait extremement bien, je pense que s'il aurait été seul à seul avec Patrick, il l'aurait surement battu. Et moi et ma franchise immensurable décidèrent alors de lui en faire part.

- Tu te débrouilles bien quand tu te bats.

J'avais pas l'habitude de faire de compliment à des mecs, enfin, fallait vraiment que celui-ci m'aie marqué. Et justement le talent du classe N m'avait vraiment époustouflé. Moi qui me pensait fort en boxe, je me rend compte que finalement, je devrai en prendre un peu de la graine plutôt. Tout en attendant une hypothétique réponse de sa part, j'étirais légèrement mon épaule droite qui commençait à me lancer.

- J’étais streetfighter d’où je viens.

Me répondit-il avec un grand sourire. Streetfighter?! J'étais vraiment impressionné. C'est vrai qu'il y avait de quoi être fier. Surtout qu'à première vu, je n'aurai jamais pu imaginer qu'il se battrait aussi bien. Pourtant en l'observant de plus près on pouvait apercevoir quelques "blessures de guerres". Quelques cicatrices lui marquaient le visage, et son nez était légèrement en croche, surement cassé lors d'un combat.

-Tu devrais me voir avec un couteau, c’est vraiment là que je suis à mon meilleur.

Il continua de me sourire. Je veux bien le croire. Maintenant c'est officiel, je suis plutôt du genre suicidaire, mais là si je peux éviter de me battre contre lui je le ferais. Avec ma blessure au bras, il fallait mieux éviter les combats trop durs. Et le jeune homme semblait être un adversaire redoutable. Quoi qu'il en soit, je ne contais aucunement me battre contre lui pour l'instant. J'avais déjà des comptes à régler avec Patrick.

-Et puis, qu’est-ce que tu lui as fait, à Pat, pour qu’il veuille ta mort comme ça?

Hum... Je reste évasif ou je dit tout de but en blanc? Je fis un petit sourire amusé avant de répondre, repensant exactement à la situation qu'il y avait entre moi et Éris. On s'est déjà embrassé, et elle me plait beaucoup. Comment dire ça clairement, tout en restant plus ou moins ambigu dans ma réponse?

- Je reste un peu trop souvent avec sa petite amie à son goût.

Le petit sourire amusé demeura sur mon visage. J'avais pas vraiment honte, pas du tout même. Simplement parce que c'était Patrick. Et que je me demandai sérieusement ce qu’Éris pouvait bien faire avec pareil abruti. D'accord, d'accord il est musclé, mais quand même il l'a trompe sans vergogne, au bout de quelques semaines seulement. Il a vraiment un problème ce type. Oh, et puis, c'est pas mon problème. Les filles et leur logique illogique resteront à jamais un mystère insoluble pour moi.

- Et toi qu'est-ce que tu lui a fait?

De toute façon il en faut peu de toute façon pour mettre Patrick en colère. Alors je pense que rien ne m’étonnera. Alors, noble cause? simple combat entre clan? Simple plaisir de s'affronter? Avant que le classe N n'ai le temps de me répondre, je poursuivis.

-J'ai cru comprendre vous avez l'habitude de vous battre.

Enfin je dis ça mais c'est juste des supposition. Ils connaissaient leur prénoms respectifs, puis, ça se voyait clairement dans leur façon de se battre qu'ils savaient exactement où frapper. Ou du moins qu'ils connaissaient tout deux les caractéristiques dominante. On aurait pu penser à une chorégraphie de film d'action, lorsqu'ils s'étaient affrontés plus tôt. Et je crois qu'au fond, le classe N aurait pu gagner le combat, si Patrick n'était pas aussi bien entouré.

-Bah en fait, c’est plutôt simple. Hum, dans ma gang, le « chef », Ray, a un p’tit frère, Jay, et il est super protecteur avec, sauf que Patrick et sa gang aimaient bien le harceler quand Ray était pas là. Un jour, je passais par là et Pat etait encore en train de l’écœurer, et comme je voulais rentrer dans le groupe de Jay, bah j’décide de le défendre.

Il commença à sourire, camouflant un rire. Je commençai déjà à m'imaginer la fin de l’histoire. Un Patrick ridiculisé, c'est vrai que ça s'annonçait drôle. Encore faut-il que se soit ce qui se soit passé. En tout cas, je pense que j'aurais eu la même réaction de Schatten.

-Alors j’ai traité Pat de looser et j’l’ai provoqué en «duel». Enfin, con comme il est, il c’est probablement dit que je n’avais aucune chance puisque j’pèse au moins 50 livres de moins que lui et qu’il me dépasse d’un demi-pied, mais le fait est qu’il m’a sous-estimée et je l’ai battu.

Sous estimer quelqu'un est la pire des choses à faire en combat. Je venais de le réaliser aujourd'hui. J'avais sous estimé Patrick, comme il avait sous estimé le classe N à l'époque. Et résultat, on avait payé le prix fort. Néanmoins, estimé son adversaire n'était pas tout, il fallait tout de même beaucoup d'adresse, de force et de technique pour venir à bout de Patrick. Chose qu'avait réussi le classe N. Rien que pour ça, il montait de manière considérable dans mon estime. Enfin, qui que se soit, et quel que soit le niveau, le fait de battre Patrick, sur n'importe que terrain, m'étais très délectable. Rien que pour ça, j'avais beaucoup de sympathie pour mon interlocuteur.

-À plate couture.

Wow, j'étais vraiment impressionné. Quoi qu'il en soit, la situation faisait bien rire Schatten, même s'il essayait de retenir ses spasmes du mieux qu'il le pouvait. J'avoue qu'imaginer Patrick se faire battre par quelqu'un de bien moins imposant que lui, et à plate couture de surcroit, ça pouvait devenir très comique comme situation. Je commençai moi même à sourire en y pensant.

-Le pauvre, son orgueil ne s’en est jamais remis.

Cette fois ci il ne se retint pas et commença à rire. Je me mis alors à rire légèrement avec lui. Mais quelque chose me frappa. Je sais pas pourquoi mais.... son rire était comment dire, étrange. Enfin je sais pas, c'était assez... efféminée? Non, ça doit pas être le mot que je cherche. Je me perdais quelques instants dans mes pensées, cherchant encore et toujours le mot correct qui définirait son rire, mais il m'interrompit en reprenant la parole.

-Et là comme un de ses gardes du corps à cassé la jambe d’un gars d’ma gang en le faisant tomber d’un arbre, ça m’a donné un prétexte pour lui pèter la gueule.

Il cracha à terre, vu la couleur du crachat, il devait encore saigner. Je l'observais plus attentivement, c'est vrai que Patrick et sa bande l'avait pas épargné. Son œil gauche était enflé, sa lèvre fendue et ça m’étonnerait pas de voir plusieurs hématomes sur ses côtes. Mais avant de lui parler de ses blessures, je revenais sur ses paroles.

- Je suis vraiment impressionné.

Ça oui, je l'étais. J'avais eu du mal avec Patrick. Simplement parce que je l'avais sous estimé, alors voir quelqu'un qui avait réussi à le battre franchement.... Je trouvais que je faisais beaucoup de compliment pour une seule rencontre. Bon, en même temps les seules fois où je fais des compliment c'est quand ça concerne soit les filles, soit les combat. Or, j'étais surement en face d'un maitre en la matière.

- C'est donc à cause de toi qu'il se déplace toujours avec ses larbins maintenant? Lui demandais-je, avec un sourire en coin.

En réalité je ne sais pas vraiment si j'attendais une réponse. Je me disais bien qu'au fond c'était un peu près ça. La plupart des gars qui se battent en nombre supérieur ont simplement peur de se faire battre. Enfin c'est ce que je pensais. Parce qu'après y'a les gars avec un égo sur dimensionnés qui pensaient être trop puissant pour combattre quelqu'un seul à seul ou alors contre un groupe de même nombre que le sien. Dans tout les cas s'étaient des vrai abrutis. Je n'avais pas un grand respect pour les règles et tout ce genre de trucs, mais s'il y avait bien une chose qui m'insupportai c'était ce manque de courage, ou voir même de respect durant un combat.

Enfin bref, pour en revenir à la situation, je commençai à fixer le classe N. Je me rendais de plus en plus compte qu'il s'était fait vachement fait démonté lors de l'affrontement. Je m'étais moi même prit quelques coups bien placés dans l'estomac et sur le visage, et bizarrement, j'éprouvais aussi un léger picotement à l'épaule droite. Précisément à l'endroit de ma cicatrice de mon accident. J'entrepris alors d'enlever mon chandail, pour mieux voir cette cicatrice qui commençait du haut de mon épaule droite et qui se prolongeait un peu en direction de ma nuque. Une fois torse nu, je réalisai que ma plaie s'était légèrement ré-ouverte. Je poussa juron à cette constatation. Bon, c'était pas non plus la mer à boire, mais fallait recoudre. J'avais aussi quelques hématomes sur le ventre, rien de bien impressionnant. Néanmoins, il y avait quand même pas mal de blessure, j'appréhendai alors un peu, l'état de mon compagnon de combat. Je regardai alors Schatten avant de lui demander:

- Et toi, tes blessures de guerre?

Je lui désignant son ventre et ses côtes d'un bref mouvement de tête. De toute façon, quel que soit son état, rien que pour sa lèvre et son œil, je pense qu'on ira ensemble à l'infirmerie...

Il ria un peu. Je ne compris pas pourquoi d'ailleurs.

-Rien que je ne peux arranger par moi-même. J’ai l’habitude.

Vraiment? J'avais du mal à le croire. Non pas sur la deuxième partie de sa phrase, je ne doutais aucunement qu'il devait avoir l'habitude de se battre, mais plutôt sur le fait qu'il pouvait se soigner lui même. Enfin bon, ça ne devait pas non plus être des blessures très grave, mais les larbins ainsi que le chef gorille ne l'avait pas loupé. Il avait du se prendre pas mal de coups. Peut-être aussi ne voulait-il pas paraitre en position de vulnérabilité, donc amoindrir ses blessures. Pourtant un peu plus tôt, il semblait vraiment souffrir au niveau des côtes. Bon, en réalité, j'en avais aucune idée. Il me fit un sourire avant de répliquer.

-T’inquiètes, j’ai connu pire.

Bizarrement, ça ne m'étonna pas vraiment et je le cru sur parole. Rien qu'à voir son visage qui comprenait déjà quelques cicatrices, on devinait qu'il avait vraiment du connaitre pire. Sans oublier qu'il m'avait mentionné le fait qu'il était streetfighter donc rien de bien étonnant non plus à ce qu'il se soit déjà blessé de manière plus marquée. Et en repensant à ça, je me dis qu'au fond, s'il avait vraiment connu pire, le fait qu'il puisse se soigner lui même ne m'étonna plus autant. C'est vrai que quand on prend l'habitude de se battre, les techniques de soins viennent d'elles même, et l'endurance se développe toute seule.

Il regarda plus attentivement mon épaule. C'est vrai que ça devait pas être joli à voir. Cette stupide (pour ne pas dire autre chose) cicatrice faisait toujours des siennes. Mis à part le fait qu'elle me pourrissait le quotidien, en handicapant de manière considérable mes mouvements, elle s'ouvrait assez facilement. Faut dire aussi que je lui laisse jamais complètement le temps de cicatriser entièrement.

-Mais ton épaule à l’air en assez mauvais état, alors j’peux te reconduire à l’infirmerie si tu ne sais pas c’est où. De toute façon, ma face ne dirait pas non à de la glace!

C'est vrai qu'il faudrait recoudre, encore. Et que ce ne serait pas du luxe d'appliquer un peu de glace sur son œil. Il se tourna vers l'académie. Je mis de nouveau mon chandail, au pire ça collera un peu à la plaie mais c'est mieux que de laisser au soleil. Et puis, si Patrick voit ma cicatrice, de surcroit ouverte, je suis certain qu'il ne se gênerait pas pour exploiter mon handicap. Une fois mon haut remit, je marchai vers Schatten, et le suivait en direction de l'infirmerie.

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