Deux phrases pour mille mots de silence [Otilie-Schatten Edelstein et Jayden Myriot]

Sujet: Deux phrases pour mille mots de silence (Pv. Otilie)(Terminé) Mer 15 Juin - 21:27
POSTÉ PAR JAYDEN MYRIOT
Pendant deux jours, je n’étais pas sorti de ma chambre. Non, pas parce que j’étais malade, mais après ce qui s’était passé avec Otilie sur le toit, je ne me sentais pas capable d’assister à un cours, et encore moins de voir celle qui avait tué mon ami. Pendant ces deux jours, je n’avais presque pas dormi, l’esprit beaucoup trop agité à savoir si je devais lui en vouloir ou non. Pendant un bon moment, je lui en ai voulu, oui, c’est vrai, je lui en voulais comme je n’en ai jamais voulu à quelqu’un dans mon entière vie, je lui en ai voulu au point de vouloir la tuer en retour. Pendant des heures, ces envies de meurtre m’avaient tiraillées et puis, après un moment, je me suis calmé, et lentement, j’ai commencé à retrouver une certaine lucidité.

Une fois ma capacité de réflexion revenue, je me suis mis à réfléchir sérieusement pour savoir si haïr Otilie était une si bonne idée en bout de ligne. Je pesai chaque élément, chaque pour et chaque contre et j’observai le problème sous tous les angles possibles. Après quelques heures méditation intenses sur le sujet, j’arrivai à une conclusion; lui en vouloir n’arrangerait rien. Non seulement ça ne changerait rien au fait que Damien soit mort, mais je savais qu’en ayant des idées de vengeance et en exprimant autant de haine envers quelqu’un, je me ferais plus de mal que de bien. De plus, je crois que si Damien avait été vivant, il n’aurait pas voulu que je vive le restant de ma vie en me basant sur la colère, l’amertume, la rancœur et la vengeance. Il n’aurait jamais voulu que je me rende encore plus malheureux que je ne l’étais déjà à cause de quelque chose qui ne pourra jamais être changé.

Ce fut seulement lorsque j’arrivai à cette conclusion que je me jugeai prêt à retourner en cours. Même si je devais peut-être l’apercevoir pendant la journée dans certaines de mes classes, je ne serais pas forcé de lui parler, et de toute façon, je doutais fortement qu’elle ne veuille simplement me parler elle aussi. Le premier cours se passa bien, même si j’avais quelques difficultés à rester concentré. Le deuxième fut plus difficile étant donné que c’était des mathématiques, et que les mathématiques ne servent à rien d’autre que me donner mal à la tête. Lorsque l’heure du dîner arriva, je n’avais pas faim, et décidai de retourner à ma chambre pour essayer de me détendre. Il semblerait que le destin en ait décidé autrement à ce moment-là. Ayant l’esprit un peu dans le vague, je n’avais pas regardé où j’allais et bien évidemment, il avait fallu que je heurte cette chère Lie qui semblait tout aussi perdue que moi.

À sa vue, une vague de colère instantanée fit surface, faisant se crisper mon corps en entier. Cependant, je repris contrôle de moi-même, écoutant ma raison et non mon instinct. Je pris une respiration et réussi à me détendre. Je regardai alors Lie qui semblait quelque peu mal à l’aise, et avec raison je suppose. Elle évitait à tout prix mon regard, sachant qu’il ne refléterait probablement rien de bon à son égard. Ne voulant pas la torturer plus longtemps avec ma présence je lui dis simplement;

- Tu sais, j’en suis arrivé à la conclusion que t’haïr ne changerait rien et que de toute façon, ça me ferait plus de mal que de bien. Je ne te tuerai pas, mais je ne te pardonnerai pas non plus.

Je n’ajoutai rien et ne lui laissai même pas le temps de réagir avant de continuer mon chemin en direction de ma chambre. Peut-être me trouverait-elle trop gentil, mais je n’avais jamais été quelqu’un de violent, et je ne commencerais pas maintenant et si j’avais du en vouloir à tous ceux qui m’avaient fait du mal jusqu'à présent, je ne vivrai que par la colère et la rancœur aujourd’hui…

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Dernière édition par Jayden Myriot le Jeu 16 Juin - 20:39, édité 1 fois


MessageSujet: Re: Deux phrases pour mille mots de silence (Pv. Otilie)(Terminé) Jeu 16 Juin - 20:05
POSTÉ PAR OTILIE-SCHATTEN EDELSTEIN
Les deux nuits depuis ma rencontre avec Jayden sur le toit n’avaient pas été des plus tranquilles; j’avais eu le sommeil trouble, et mes cauchemars avaient été encore plus bouleversants que d’ordinaire. Cette fois, j’entendais des bruits derrière une porte, comme quelqu’un qui pleure, et lorsque j’ouvrais la porte, une mer de sang me submergeait et s’étendait au sol comme un œil, puis tout autour de moi disparaissait et devenait gris vide. Ensuite sa pupille s’ouvrait et je me faisais avaler. La première nuit, une forme était sortie du noir et avait tracé une onzième ligne sur ma clavicule avant de dire « En me tuant, tu as tué une autre personne, toi » puis il y avait eu un coup de feu et je m’étais réveillée. La deuxième nuit, j’avais coulé pendant des heures dans le noir vide de la pupille, puis j’étais arrivée dans une pièce dépouillée pour entendre les mêmes pleurs derrière la même porte, et je l’avais ouverte pour me retrouver dans une pièce identique à l’autre. En me retournant, je n’avais vu que du néant, et je m’étais donc avancée dans la deuxième pièce. Il y avait du sang au sol, venant du coin de la pièce. Je m’y étais dirigée, pour voir Jayden qui serait un cadavre ensanglanté en sanglotant. Il avait levé son œil vers moi, mais l’œil était comme dénudé, et puis le cadavre était lentement devenu transparent avant de disparaitre, et Jayden fit de même jusqu’à ce qu’il ne reste plus que son iris me fixant tout en s’éteignant. Le deuxième rêve était nettement plus troublant que le premier.

C’est ainsi que passèrent mes nuits, entre cauchemar endormi et cauchemar éveillé. Sérieusement, j’avais commis neuf meurtres sans aucun sentiment, pourquoi soudainement le huitième me dérangeait-il au point d’ajouter à ma ceinture une entaille pour une personne vivante? Pourquoi est-ce que je me sentais si coupable, d’où venais cette boule, ce nœud dans mon ventre? Le fait de ne pas avoir vu Jayden en cours ces deux derniers jours rendait tout pire, même si je ne voulais pas vraiment croiser son regard. Je m’imaginais comment il devait se sentir, et cela non plus n’était pas pour m’aider. Je savais qu’il était moins violent que moi, du moins il en avait l’air, mais la peur d’une vengeance comme celle que je Lui avais faite ajoutait à la légèreté de mon sommeil.

Le troisième jour, j’aperçus Jayden en traversant la rue, mais le début de la journée se déroula quand même bien; nous n’avions pas cour ensemble. Cependant, alors que je me dirigeais vers ma chambre question de remettre mon uniforme que j’avais enlevé pour le diner, je m’arrêtai en plein milieu du corridor pour observer un nouveau venu. Je ne pouvais pas m’en empêcher, chaque nouvelle personne me rendait affreusement nerveuse, et je me devais de l’observer un instant avant de me calmer à son sujet. Le problème, c’est que j’étais dans la lune; je ne sais pas pourquoi, mais plus le temps passait, le moins j’étais capable de me concentrer sur plusieurs choses à la fois, comme je le faisais dans les rues. Reste que dans ma négligence, je ne vis pas Jayden approcher. À vrai dire, il ne devait pas m’avoir vu non plus, puisqu’il me fonça dedans. À mon contact, je le sentis se tendre comme la corde d’un arc, et je fis de même sous la surprise. Son visage en ce moment reflétait une haine et une colère profonde, et contre tous les réflexes que j’ai accumulés, je détournai les yeux. Je ne pouvais pas supporter son regard. Je l’entendis soupirer, un long soupir de résignation, et je continuai à m’obstiner à ne pas le voir.

- Tu sais, j’en suis arrivé à la conclusion que t’haïr ne changerait rien et que de toute façon, ça me ferait plus de mal que de bien. Je ne te tuerai pas, mais je ne te pardonnerai pas non plus.

Je sursautai légèrement, surprise qu’il m’ait simplement parlée. J’allais relever les yeux, mais ses pas s’éloignant m’en dissuadèrent. C’est seulement à ce moment que je décidai d’analyser ce qu’il m’avait dit. La conclusion me surpris, mais me soulagea d’un poids en même temps. J’ignorais la raison de ce sentiment, mais savoir qu’il ne me détestait pas pour la mort de son ami me rassura. Il ne me pardonnait pas, non, cela il me l’avait dit, mais moi non plus je n’aurais jamais pardonné un tel geste. Pendant que je réfléchissait à cette conclusion, quelque secondes avaient passées, et lorsque je me retournai brusquement, ce fut pour apercevoir un jeune homme aux épaules voutées par des années chargées de plus que leurs lots de souffrance tourner le coin du corridor. Je restai là, immobile, à regarder l’endroit où il avait disparu. Non pas que j’aie eu quelque chose à dire, loin de là; ce qu’il y avait à dire, il l’avait dit dans ses deux phrases, deux phrases pour mille mots de silences.