Comme on se rencontrer (déplacé de Kimitsu) [Pv; Béatrice Auditore]

Je n'en pouvais tout simplement plus. Je suis sorti prendre l'air. Patrick commençait à m'énerver avec ses manies. Je pousse la grande porte puis descend avec une certaine frustration les marches. Je fais les cents pas sur place en me rongeant l'ongle du pouce. Peut-être suis-je partie un peu rudement. Mais bon, je déteste quand Patrick fait la grande attitude devant moi. Il sait pourtant très bien qu'il n'a plus besoin de m'impressionner. Il continue de couloir prouver à tout le monde que je suis sa copine en faisant des gestes qui me rende, si je puis dire, inconfortable. Je suis parti puisque j'en avais assez, par contre, je ne souhaite vraiment pas l'avoir blessé... Mettre Patrick en colère est la dernière chose que je veuille faire. Le bruit de mes talons hauts résonne sur les dalles de pierre de l'entrée. Les gens autour me regardent tous comme si j'étais une fille qui avait besoin d'aide, psychologique je veux dire.

Je m'arrête enfin d'angoisser après un moment. Après tout, si je me sens inconfortable avec Pat, je devrais le laisser. Mais non, je ne devrais pas penser à sa. C'est un trop beau dimanche après-midi pour se morfondre et se faire pitié. Je relève la tête, prend une grande expiration et me relaxe. Je vois deux filles me regarder avec un regard arrogant.

- Quoi!? Leur répliquais-je. Celle-ci reculent et s'en vont.

Tss. Je hais me faire regard comme si j'étais bizarre. Certes, je suis Neko, mais je porte une tuque à l'instant, alors pourquoi me regarder ainsi pour rien?! Je reprend mon calme. J'aperçois au loin une fille adossée à un arbre, dessinant dans un grand cahier. Elle relève parfois la tête pour avoir un regard vers l'horizon avant de continuer à dessiner de plus belle. Je zieute où elle regarde et je comprend sur le coup. Elle regarde les gars qui s'entraine à la course un peu plus loin. Je la comprend de faire un portrait de ceux-ci, après tout, elle mets son talent à bonne cause. Je remarque entre ceux-ci Sky. Le rouge me monte au joue et je vais pour me cacher derrière la rampe des escaliers en pierre. Je m'arrête dans mon geste. Pourquoi est-ce que je fais ça? J'ai le droit d'être ici après tout! Et puis, il ne m'a même pas remarquer alors bon...

Un clic se fait à mon cerveau lorsque je repose mes yeux sur la fille. Mais oui, c'est bien elle. Beatrice n'est-ce pas? Je la vois souvent avec Sky, ils doivent être amis. Je me demande comment elle a réussie à lui parler, il semble tellement inaccessible. Je m'approche d'elle en trottinant. Je marche sur le gazon qui se froisse sous mes pas. Une fois rendue près d'elle, elle remarque ma présence, refermant rapidement son cahier. Ouais bon, je comprend pourquoi elle fait ça. Moi-même je n'aime pas que les gens regardent ce que je n'ai pas encore fini.

Je me penche au-dessus d'elle, envoyant mes cheveux par dessus mon épaules pour éviter qu'elle les ai dans le visage.

- Tu es Beatrice pas vrai? Lui dis-je avec mon plus beau sourire. Sky m'a déjà parler de toi. Poursuivis-je avec un anglais presque sans accent. Je suis doué en langue.

Aussi étrange que cela puisse sembler, je lui ai déjà parler. Et oui, je dis qu'il est inaccessible alors qu'au fond, je connais plein de gens qui ont des contacts avec lui. Je sais, ridicule. Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est impossible que je lui parle. Chaque fois qu'il est là, je devient rouge et je bafouille tellement qu'on dirait presque que j'ai créé une nouvelle langue. J'admire Beatrice en fait, puisque chaque fois que je l'ai vu, elle semblait tellement à l'aise. Peu importe la situation.

- Ça t'ennuie si je m'assoie ici? Lui demandais-je en m'asseyant, sans vraiment attendre sa réponse. Je suis Éris.

J'essaie de me faire amicale, après tout, je n'ai pas beaucoup d'amie filles ici... Voyant le silence de la situation, je me décide à dire autre chose.

- J'aime ta blouse. Italien... J'adore. Lui dis-je en la regardant de côté.

En effet, elle avait une de ces tenues qui nous rend jaloux. Une belle blouse blanche et une jupe fleurie. Je me trouve habillé assez moche comparée à elle. Un t-shirt noir, une paire de Jean skinny gris et une tuque bohème verte pale pour cacher mes attributs. Ajouter à ça une paire de bottillons noir.

Ce matin-là, je m'étais réveillée au ralenti, sans trop savoir quoi faire de ma journée. Je n'avais pas de devoirs à faire. En fait, si, un seul, mais j'avais perdu la feuille que le professeur nous avait distribuée. Et, puisque je ne pouvais pas le faire, ce devoir s'était automatiquement effacé de ma mémoire. J'adore les sciences humaines! Si bien que je finis par aboutir dehors, en après-midi, mon cahier de dessin à la main. Je jetai un regard au petit groupe d'étudiant qui discutait tout près des escaliers et m'éloignai d'eux. Je n'avais pas envie d'être dérangée lorsque l'inspiration me viendrait. Mon choix finit par s'arrêter sur un arbre, à quelques mètres de loin, et je m'y dirigeai. Une fois confortablement installée, j'enlevai ma veste que j'avais apporté par précaution. Cette après-midi s'annonçait ensoleillée et je n'avais pas envie de crever de chaleur. Je posai mon coffre à crayons à crayons près de moi et restai un moment assise là, sans rien faire. Mon regard se porta au loin et je remarquai un groupe de garçon qui s'entraînait à la course. La silhouette de l'un deux me parut familière et, lorsque j’aperçus sa tuque, j'eus la confirmation qu'il s'agissait de Sky. Quel autre garçon aurait porté une tuque alors qu'il faisait plein soleil? Je souris, puis ouvrit mon cahier et feuilletai distraitement les pages. Enfin, les pages. J'avais à peine fait un ou deux dessins depuis mon arrivée ici. Tous incomplets. Mon ancien cahier de dessin était probablement enseveli sous une tonne de vêtements, mais je m'en fichais pas mal. C'est un nouveau départ, pensai-je tristement. Pourquoi s'accrocher au passé? Je pris un crayon à la mine et commençait à tracer des lignes grossières et très pâles, juste pour me donner une idée. Tout était clair dans ma tête, mais j'avais parfois besoin de repères pour coucher le tout sur papier. Après un petit moment, une fois que mon idée fut bien claire, je commençai à tracer les vrais contours. Les nuages cotonneux, l'herbe irrégulière, la piste de course. Alors que j'étais en train de dessiner le groupe de garçons, j'entendis un éclat. Surprise, je relevai la tête, pour apercevoir une fille aux cheveux noirs qui se tenait au pied des escaliers. Je vis deux filles reculer et, sans aucune expression, je me replongeai dans mon dessin. Après tout, ce n'était pas de mes affaires. Tranquillement, je continuai mon œuvre, jusqu'à ce que je ressentis une présence. Par réflexe, je refermai mon cahier. Je n'aimais pas qu'on regarde ce que je faisais. La fille de toute à l'heure se pencha vers moi et me souris.

- Tu es Beatrice pas vrai? me dit-elle en anglais. Sky m'a déjà parlé de toi.

À voir son allure, elle n'était clairement pas anglaise. Grecque, peut-être. Mais je n'aurais su dire. Le fait qu'elle connaissait me rassura aussitôt, puisque c'était l'un de mes seuls amis ici.

- Ça t'ennuie si je m'assoie ici? me demanda-t-elle. Je suis Éris.

Ah oui, Éris, ça sonnait clairement grec. Elle s’assit sans attendre ma réponse, mais je n'en fis pas un cas. Après tout, de la compagnie, ça ne pouvait pas me faire de mal! Je tenais toujours mon cahier entre mes mains et je souris à Éris. Ça ne servait pas à grand chose de se présenter puisqu'elle connaissait déjà mon nom.

- J'aime ta blouse. Italien... J'adore, fit-elle.

Instinctivement, je regardai mes vêtements. À vrai dire, en me levant, j'avais mis ce qui avait tombé sous ma main. Cependant, je me rappelais de cette blouse. Elle avait été très à la mode pendant des mois, mais j’avais continué à la porter par la suite. Je ne voyais pas pourquoi j’aurais dû la cacher au fond d’un de mes tiroirs alors qu’elle m’allait très bien et que je l’aimais. J’avais également mis une de mes innombrables jupes fleuries au look un peu vieillot. J’adorais les friperies, même si ça pouvait paraître bizarre. Tout ça pour revenir au compliment d’Éris.

- Merci, dis-je simplement en souriant.

Elle semblait gentille et je ne voyais aucune raison de ne pas l’aimer.

- Je ne veux pas être indiscrète, mais est-ce que tu viens de Grèce? lui demandai-je.

Les origines étaient définitivement un sujet très en vogue pour les conversations. J’étais surprise du nombre de personnes qui n’étaient pas anglaises et qui venaient à cette académie. Il devait bien y avoir une raison, mais je l’ignorais complètement. Je concentrai plutôt mon attention sur Éris. Ce nom me rappelait vaguement quelque chose, mais mes cours de mythologie étaient désormais trop loin…

Je suis heureuse de voir que mon compliment lui a fait plaisir. Normalement, je suis nulle pour donner des compliments, pourrie en fait. Je n'en ai presque jamais reçu et donc il est dur pour moi d'en donner puisque, lorsque j'en dis, rarement, ça sonne toujours comme s'il était forcé. Mis cette fois-ci, c'est vrai. J'admire ses goûts vestimentaire. Il faudrait qu'on sorte un de ces jours pour aller magasiner! Bon d'accord, je vois notre relation d'amitié aller trop loin déjà. Voyons Éris, ça ne fait quelque secondes que tu la connais! De plus, ce n'est pas comme si j'avais de l'argent pour magasiner tout court. Awww, je suis fauché! Quand j'y pense, je n'ai jamais eu la chance d'acheter quelque chose de mignon et de typiquement japonais ici à cause de mes problèmes financiers. Lorsque j'étais en Grèce, je volais ce que je voyais. Bon je sais, ce n'était pas très éthique de ma part, mais je vivais presque dans les rue, il fallait bien que je m'habille. Parlant de la Grèce, cette chère Beatrice semble avoir remarquer mes origines. Pourtant je n'ai pas vraiment le profil de quelqu'un typiquement grecque. Après tout, il n'y a pas vraiment quelque chose de particulier qui nous différencie des autres. Les chinois ont les yeux bridés, les africains sont majoritairement noirs et les français ont un nez assez prononcé. Bien sur, je base ces descriptions sur ce que j'ai déjà vu.

- Oui, la Grèce, en effet. Je suppose que mon nom m'a trahi! La fameuse déesse du chaos serait heureuse de savoir que son nom est connu! Lui dis-je avec une pointe d'humour.

Elle se contenta de me sourire. Je lui souris en retour. En fait, pour dire vrai, je n'ai jamais su déchiffrer le sourire des filles. Les gars, c'est tellement facile. Ça sourit quand c'est content ou simplement lorsqu'ils trouvent quelque chose de drôle, mais les filles. Alors que nous, les femmes, tant de choses se cache derrière nos sourire, faux ou vrai. L'amertume comme la joie, le mépris comme l'amusement, la haine comme l'amour. Pour ce que je sais, elle pourrait être en train de penser plein de choses affreuses sur moi. Quoique je trouverais ça assez normal, étant habitué à l'intimidation mentale de la gente féminine à mon égard. Par contre, je doute que son sourire cache quelque chose. Après tout, je ne pense pas que Sky serait ami avec une fille qui lui est désagréable. Mais au fond, qui suis-je pour savoir ça? Je ne lui ai parler que très rarement. Bon je l'avoue, Sky ne m'a pas vraiment parler de Beatrice. Il s'est juste adonné a me dire qu'il devait partir pour la rejoindre. Je l'ai suivie quelque peu pour finalement voir que c'était elle. C'est donc comme ça que j'ai pu savoir qui elle était. Je sais, je suis une personne crapuleuse. Elle m'intrigue, que voulez-vous?

- Ça fait longtemps que tu connais Sky? Lui demandais-je gentiment après un petit moment de silence. 

Je le regardais du coin de l'oeil courir autour de ce grand terrain de course. Il y a quelque chose chez lui qui fait en sorte que je ne peux jamais décrocher mon regard de lui. Peut-être est-ce c'est beau cheveux blonds ou ses yeux d'un bleu éclatant. Quoiqu'il en soit, il est beau et j'assume tout à fait mon amour inconditionnel envers lui et ce, malgré ma relation avec Patrick. Mais bon, les comparer ce serait comme comparer Narcisse à Zeus. La parfaite beauté de Sky et la force brute et virile de Patrick.

- Tu es chanceuse d'être son ami, il doit être un type vraiment sympathique! Poursuivis-je.

Comprenez moi bien, je lui ai déjà parler à ce type, mais je n'ai jamais vraiment eu de conversation avec lui. Je le connais puisqu'il est dans la même chambre qu'un autre gars que je connais et dont mon amie Ginger est amoureuse. Je sais aussi qu'il est désormais en couple avec Lena Holm... Aaaah, tout les meilleurs gars sont prit!

- Oui, la Grèce, en effet. Je suppose que mon nom m'a trahi! La fameuse déesse du chaos serait heureuse de savoir que son nom est connu!

Éris! C'était le nom d'une déesse grecque. Je savais bien que j'avais déjà entendu ce nom-là quelque part. Je lui souris, ne voyant pas ce que je pouvais faire de plus, et elle me rendit mon sourire. Décidément, son nom collait vraiment à son apparence. Elle avait de longs cheveux noirs et des yeux verts forêts. Je dû cependant en venir à la conclusion que tout les peuples qui habitait autour de la mer Méditerranée se ressemblait; À part peut-être les Africains et les Espagnols. Mais il fallait dire que j'avais moi-même un air italien. Seul mon teint pâle et mes yeux qui paraissaient doré contrastaient avec les habitants de l'Italie. Mais, voyez-vous, c'était grâce à mes vêtements qu'elle en avait conclu mes origines... Avec un petit soupir, je réalisai que je n'avais jamais vu autant de gens venant de pays différents en même temps. Certes, dans ma jeunesse, j'avais beaucoup voyagé. En France, au Japon, en Angleterre... Mais ici, il y avait des anglais, des grecs, des australiens... Bref, je fus surprise du nombre nationalité présente dans cette même académie.

- Ça fait longtemps que tu connais Sky? me demanda-t-elle gentiment.

Je tournai la tête vers elle.

- Un mois et demi, à peu près, dis-je en souriant. Je l'ai rencontré par hasard dans l'auditorium...

Je faillis ajouter «dans le noir complet» mais me retint. Vu de cette manière, ça pouvait paraître bizarre. Juste bizarre. Je vis Éris regarder du coin de l'œil les garçons sur la piste. Plus précisément un seul. Sky. Je levai un sourcil. C'est moi ou elle tripait carrément sur lui? Ça me fit étrange de voir que quelqu'un que je venais tout juste de connaître aimait un des mes amis... Mais pourquoi donc toutes les filles craquaient pour Sky!? Oui, bon, il était pas mal, mais de là à voir toutes les filles à ses pieds.... Avec un soupir, je fis mon habituel sourire en coin et m'accotai la tête sur le tronc de l'arbre.

- Tu es chanceuse d'être son ami, il doit être un type vraiment sympathique! poursuivit Éris.

- Oui! acquiesçai-je. Il est très gentil.

Gentil. C'était un mot que l'on employait souvent, et je n'étais certainement pas très originale en appelant Sky ainsi. Mais, malgré tout, ça lui allait très bien. Il était gentil, par-dessus tout, et très serviable. J'avais l'impression de toujours le voir sourire et c'était l'un des rares garçons avec qui je me sentais naturelle... Enfin.

- Et toi? demandai-je en souriant. Tu le connais?...

Ma question devait paraître étrange, je m'en rendis compte par la suite. Éris connaissait clairement Sky, puisqu'il lui avait parlé de moi.

- Hum, en fait, ce que je voulais dire, c'est: est-ce que tu le vois souvent? me corrigeai-je.

J'ignorais encore tout sur elle, à part qu'elle venait de Grèce et qu'elle connaissait Sky.