Prélude [Pv: Andrew Goldsmith][Terminé]

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La rentrée, journée que j’avais toujours appréciée depuis ma plus tendre enfance. Pour moi, le début de chaque nouvelle année était un nouvel accomplissement dans ma vie, je voyais ma progression et me rendais compte que j’avançais, que je me dirigeais vers quelque chose de grand à quelque part. Mais cette année, cette impression n’était pas là, ma motivation et ma curiosité n’était plus au rendez-vous, la simple pensée de devoir commencer une nouvelle année qui ne me mènerait nulle part m’irritait au plus haut point. À quoi tout cela me servait? Je vivrais encore pendant un nombre incalculable d’années sous l’apparence d’un adolescent de 17 ans, alors pourquoi étais-je ici? Pourquoi étais-je contraint à être enfermé dans une école rempli d’autres êtres comme moi? Pourquoi devais-je côtoyer tous ces gens sans savoir si j’allais vraiment être capable de me contrôler? Selon mes parents, c’était pour mon bien, c’était pour m’aider….mais moi, je n’avais pas envie de m’aider à devenir un ‘’bon vampire’’, je voulais simplement être celui que j’avais toujours été, je voulais être simplement Andrew…Mais je savais bien qu’il était impossible qu’un jour je redevienne humain et à cette pensée, je soupirai face au miroir de la penderie. Mes traits étaient légèrement tirés, j’avais mal dormi, incapable de penser à autre chose que ces innombrables pourquoi qui me torturaient sans cesse depuis quelques temps.

Je regardai un instant par la fenêtre, constatant le ciel grisâtre m’informant que je n’aurais pas besoin de me couvrir plus qu’une personne normale ne devrait le faire. Au moins c’était déjà ça, je ne me ferais pas remarquer dès le premier jour. Je quittai donc ma chambre pour me diriger vers le bâtiment principal ou j’aurais cours avec tout le monde. Une fois dans l’académie, je pris mes cahier pour aller à mon premier cours de l’année qui par une chance extrême, se voyait être des mathématiques! Je n’avais pas de difficultés en mathématiques, mais je n’avais pas la tête à calculer quoi que ce soit. Alors, c’est avec une certaine réticence que je me dirigeai vers ma classe de maths. Chaque seconde me semblait durer une éternité et lorsque je terminai mon premier cours, je fus découragé de penser que deux autres m’attendaient avant le déjeuner. Le second se révéla être un cours de sciences carrément barbant et qui répétait les même règles de sécurité que dans toutes les écoles pour les expériences en classe. Puis finalement vint la troisième période, classe d’histoire cette fois-ci. J’entrai sans rien dire et vit du coin de l’œil ce qui semblait être notre professeur en train de lire un journal. Je n’y portai pas attention et pris place au dernier bureau du fond, dans l’espoir d‘être tranquille et oublié des autres.

Finalement, la deuxième cloche retentit, annonçant le début du cours. Tout le monde était silencieux, chose qui me fit particulièrement plaisir, mais je reportai tout de même mon attention sur le professeur qui s’était calmement levé pour aller fermer la porte de la classe. Il balaya la salle du regard en marchant lentement pour s’arrêter devant les élèves qui attendaient que ce professeur qui me semblait un peu étrange ne brise le silence. Lorsque finalement il se décida à parler, tous semblèrent soulagés, mais ce ne fut que momentané. Tout le monde, sans exception se retrouvèrent confus devant sa façon de parler. Attendez, il parlait vraiment en rimes là? Et bien je portais déjà une certaine horreur envers le cours de ce monsieur Leslie. Je n’avais jamais particulièrement apprécié l’histoire, et de savoir qu’il m’enseignerait cette matière d’une certaine complexité en parlant en rimes me décourageait d’avance. Puis le tour de classe commença, chacun se nommant au bon vouloir du professeur et lorsque mon tour vint, je me présentai de façon complètement détachée, ayant seulement envie de m’en aller. Cependant, je crus remarquer qu’il me porta une attention particulière lorsqu’il entendit mon nom, comme s’il avait attendu cela depuis le début. Je n’y portai pas vraiment attention, attendant que les élèves terminent de se présenter pour me faire annoncer par cette homme qu’li commencerais dès maintenant sa matière. Ah, super! Justement ce qu’il me fallait pour me donner un mal de tête! Je soupirai et sortis à contrecœur des feuilles de cartable pour prendre des notes. Par miracle, je réussis à rester concentré pendant presque toute la durée du cours. C’était déjà ça, M. Leslie semblait connaître sa matière comme s’il l’avait vécue lui-même, ce qui permettait aux élèves de ne pas trop s’ennuyer. Lorsqu’il eu terminé la partie magistrale du cours, il distribua un court travail à terminer dans les 5 prochaines minutes. Cependant, alors que j’allais commencer pour m’en débarrasser, j’entendis l’homme en question m’interpeller, me convoquant à la fin du cours. Je soupirai de plus belle, mais qu’est-ce qu’il pouvait bien me vouloir? Je n’avais pas dérangé et je ne m’étais pas endormi dans son cours, non? Alors quel pouvait bien être son motif pour s’intéresser au jeune garçon dur et morose que j’étais devenu?

La cloche de fin de cours sonna, et je rangeai mes cahiers avant de me lever et me diriger vers le bureau du professeur. Une fois devant celui-ci, je le vis baisser son journal pour m’observer pendant un moment. Et bien, s’il se donnait le droit de me détailler de la sorte, je ne me privai pas de le faire de mon côté. Il possédait une chevelure rousse foncée mi-longue et un visage fin sur lequel je n’arrivais à donner d’âge précis. Ses yeux étaient d’un vert pâle et perçant qui avaient même une touche de surréalisme. Je le vis alors déposer son journal pour enfin me dire pourquoi il m’avait convoqué ainsi. Il prit la parole d’un calme presque effrayant pour m’annoncer qu’li serait mon mentor, qu’il serait celui qui serait chargé de m’aider à passer au travers de ma transformation…Alors, est-ce que ça voulait dire qu’il était un vampire lui aussi? Oui, certainement, ce qui expliquait ce charme naturel qu’il dégageait, comme tout vampire d’ailleurs. Il me demanda alors depuis combien de temps j’étais transformé, et à cette question je ne pus que serrer les dents. Je détestais plus que tout au monde penser à ma transformation, penser que l’on m’avait enlevé mon humanité, et maintenant il faudrait que j’en parle à un parfait étranger? Ça me frustrait oui, je pensais pouvoir éviter le sujet pendant au moins quelque jour, mais il semblait que le destin en avait décidé autrement. Finalement, je répondis, une pointe d’amertume dans la voix;

Jusqu'à lors, j‘avais soutenu le regard de cet enseignant pour le moins étrange, mais à la suite de ces, mots je ne pus que détourner les yeux pour ajouter de façon brusque;

Je regardai alors à nouveau l’homme qui n’avait pas sourcillé, comme s’il s’était attendu à une telle réaction. Quoique ce ne devait pas être si surprenant que ça quand on y pense, très peu de gens auraient voulu se faire transformer en monstre. J’ajoutai alors sans attendre, voulant partir le plus rapidement possible;

Je voulais simplement savoir si j’allais être coincé avec lui pour très longtemps ou s’il allait se contenter d’en rester là pour le moment. J’espérais sérieusement que la deuxième option prenne le dessus, je connaissais rien de cet homme et je n’avais pas envie qu’il en connaisse plus sur moi à cet instant.

M. Leslie resta silencieux pendant un moment, alors que moi je n’avais qu’une seule et unique envie ; Partir. Je savais pourtant que je ne serais pas plus en paix lorsque j’aurais quitté cette salle, je serais pris avec les même problèmes, seulement, je voulais rester le plus loin possible de tout vampire. Oui, c’était bien stupide de ma part, et encore plus inutile qu’autre chose, car ça ne changerait rien, mais j’avais l’impression que plus longtemps je me tiendrais loin d’eux, plus longtemps je réussirais à rester moi-même…Mais tout ça, c’était une bête impression bien sur.

C’est alors que cet homme qui ne m’inspirait aucunement confiance me demanda sans préambule quel était mon âge. Je lui répondis sans expression que j’étais âgé de 17 ans, mais en même temps, je me demandai en quoi cela pouvait être important. Mon âge ne valait plus rien, puisque dans une cinquantaine d’années j’aurai eu l’air d’avoir à peine vieilli d’un an. Ma petite sœur commencerait à avoir les cheveux grisonnant et moi j’aurai gardé mon apparence d’adolescent alors qu’en réalité, j’aurais la mentalité et l’expérience de l’aîné. Puis, ma famille mourrait, mais à quel âge pourais-j’affirmer les avoir perdu? Et puis, dans des centaines d’années, je les aurai oubliés, ayant vécu un nombre incalculables de vies entre temps. Qu’est-ce que c’était tout ça? Ce n’était pas une perspective d’avenir, je ne pouvais me résigner à penser à de telles chose…Comment pouvait-on simplement accepter de vivre une telle existence? Je ne comprenais pas, et je ne voulais pas m’y faire…

-C’était tout, M. Goldsmith, vous pouvez repartir.
Sachez cependant qu’au logement 3 j’habite,
À n’importe lequel moment, vous pouvez venir,
Si jamais vous incombait une difficulté subite.

Je le regardai pendant un instant sans bouger, le voyant prendre son journal mais attendant tout de même ma réaction. Peut-être s’était-il attendu à ce que je parte immédiatement sans rien dire, mais ses dernières paroles m’avaient arrêté. Pourquoi voudrais-je aller le voir? En quoi pourrait-il m’aider? Je continuai alors à le fixer pendant un moment pour finalement lui répondre;

- C’est bien gentil de votre part M.Leslie, mais je crois bien que vous rêvez en couleur si vous croyez que je viendrai vous voir de mon plein gré. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée.

Et je partis sans me retourner. Non mais quand même, pour qui il se prenait le rouquin? Je ne voyais pas pourquoi j’irais le voir lui, je ne comprenais pas ce qu’il pourrait m’apporter ou comment il pourrait améliorer ma condition. Je n’avais jamais été quelqu’un qui avait tendance à se confier et je ne commencerais certainement pas avec lui. Jusqu'à maintenant, même si ça avait été très difficile, je m’étais débrouillé seul, et je ne voyais pas pourquoi cela changerais aussi. Mais en même temps, il avait l’expérience, il avait du en voir des choses et il avait du en souffrir lui aussi à quelque part. Alors, peut-être que c’était moi l’imbécile dans tout ça…Je ralentis un instant et ferma les yeux. Qu’est-ce que je devais faire bon sang? Je soupirai et repris mon chemin, j’en avais assez que de me perdre et me contredire sans cesse. J’avais besoin d’une pause, j’avais besoin d’oublier pendant un moment, sinon, j’avais peur de finir par en devenir fou…