Nuit d'orage (Pv. Sky Zatcher/Otilie Schatten Edelstein) ( Mini-RP)

Administrateur Messages : 181 Date d'inscription : 08/11/2011

Mais il ne bondit pas sur le couteau, comme je l'avais prévu. Il se précipite sur Sky, et d'un direct inattendu et violent, le jette au sol. Puis il saute carrément sur lui, les deux mains sur ses épaules, et lui crie dessus en français. Je ne comprends pas un mot de ce qu'il dit, je suis nulle en français et son accent est vachement incompréhensible, mais le ton ne laisse aucun doute quant à la rancœur qu'il exprime. Déstabilisée par son action brutale, je prends une ou deux secondes pour réagir, mais le moment d'après je suis sur lui, et je le tire par en arrière, sans douceur. Le temps n'est pas à la délicatesse. Pour un poigne plus sure, je passe mes bras sous ses aisselles et barre ses épaules de mes avant-bras.

Il n'est pas facile à retenir, et je me remercie de ne pas avoir arrêté mon entrainement, parce qu'il est tellement sous l'adrénaline qu'ont dirait un animal sauvage. Il continue de hurler, et bien que je ne sois pas trop concentrée sur les sons de l'extérieur, je commence à entendre des bruits dans les chambres. Je me fous de me faire prendre par les surveillants, mais si les élèves sortent, c'est mauvais. Jayden est déjà tellement imprévisible que le moins de variables dans l'équation, le mieux, Sky se relève et s'approche de Jayden, et il commence à y mettre son grain de sel aussi en lui débitant des conneries. Si je ne tenais pas déjà un enragé, je crois que je l'aurais frappé. À un autre moment, je n'aurais pas trouvé ça déplacé, mais maintenant... NON MAIS, QUEL IMBÉCILE BORDEL! Je comprends qu'il t'aie frappé, mais un peu de sang froid! Il est déjà en pleine crise de panique, pas besoin d'en rajouter motherf@*"&$! Entre deux de ses phrases, Jayden cesse soudainement de bouger, et peut-être que ça rassure l'autre crétin, enfin, s'il l'a remarqué, mais je me tends, prête à ce qu'il recommence à se débattre en un sursaut.

- You're so fuckin' crazy man! You'd beat your own friend just so you feel better?!

Pour me sentir mieux? Non, ce n’est pas pour me sentir mieux, c’est pour te faire comprendre toute la souffrance que tu m’as causé imbécile! J’en peux plus de cette douleur, de ces souvenirs, je ne veux pas me sentir mieux, je ne PEUX PAS me sentir mieux! Jamais je n’oublierai tout ce qu’on m’a fait subir et ça me tue un peu plus chaque jour, qu’est-ce que vous ne comprenez pas là-dedans!? Je ne suis pas fou, j’en peux juste plus!

- You better get a grip, I'm not Damien.

Pas Damien? Je me fige un instant. Je ne veux pas comprendre ce qui se passe, s’il n’est pas Damien, je ne sais pas qui il est, je ne veux pas savoir qui il est! Je baisse la tête un moment et ferme les yeux. La rage bouillonne toujours en moi, je la sens tressaillir sous ma peau, galopant dans mes veine, elle se déchaîne sans que je ne puisse l’arrêter.

- Damien or not, I don’t care…

Je relève la tête brusquement et plonge mon regard au fond de celui qui me regarde.

- Don’t you see? Everything’s wrong, I can’t take it anymore, why won’t you get it!? All my reasons to live are gone, my presence brings grief and bad luck to all those I love, so why, why am I still here!? You won’t stop me this time, I’ll end this and you won’t stop me!

Et sans attendre, je donne un violent coup de tête à la personne derrière moi, la faisant me lâcher. Je tombe au sol à cause du relâchement soudain, mais je ne compte pas attendre trop longtemps, je regarde autour de moi et fini par apercevoir mon canif quelques mètres plus loin. Ma porte de sortie est là, je ne dois pas perdre cette chance. Je me précipite vers l’objet avec l’intention de l’atteindre, le prendre et me trancher la gorge. Je souffrirai pendant un moment, je le sais bien, mais la souffrance physique est un bien petit prix pour le repos éternel. Mais soudainement, alors que j’y suis presque, je me fais brutalement plaqué au sol. Le choc est violent, mais pas assez pour me détourner de mon objectif. Je vais l’avoir ce couteau, personne ne m’en empêchera! Je m’étire de tout monde long, le plus que je le peux, ma rage s’étant transformée en désespoir. Je suis si prêt du but, je ne peux pas abandonner maintenant! Puis je l’agrippe, je sens la lame s’enfoncer dans la chair de mes doigts et le sang couler, mais je n’ai pas l’intention de lâcher, je suis à deux doigts d’y arriver.

Administrateur Messages : 181 Date d'inscription : 08/11/2011

Jayden reste immobile, et se remet à parler, en anglais cette fois, plus amer que jamais.

- Damien or not, I don’t care…

Puis il relève brusquement la tête, et je devine qu'il fixe Sky parce que les yeux de celui-ci se fixent aussi et deviennent comme des soucoupes.

- Don’t you see? Everything’s wrong, I can’t take it anymore, why won’t you get it!? All my reasons to live are gone, my presence brings grief and bad luck to all those I love, so why, why am I still here!? You won’t stop me this time, I’ll end this and you won’t stop me!

Tandis qu'il parle, mon inquiétude monte et je me tends. Mon esprit proteste contre ses paroles; je pense qu'il ne m'a pas apporté de la malchance, mais plutôt la chance d'avoir quelque chose que je n'avais pas avant. Bien que je ne m'en sois pas rendu compte sur le moment, plus tard je réalisai que mon cœur se serrait à ses paroles; j'étais inconsciemment blessée que je n'aie pas de poids dans la balance, même si je savais très bien qu’espérer le contraire eût été présomptueux. Vers la fin de sa complainte, je m'attendais à ce qu'il recommence à se débattre, ou qu'à ce qu'un instant passe avant qu'il agisse, mais la fin me prit par surprise ainsi que le violent coup qu'il me donna, rejetant brutalement sa tête par en arrière. Un craquement de mauvais augure retentit, et je le lâchai sous l'effet de la douleur dans mon nez qui faisait se remplir d'eau mes yeux. Par réflexe, je portai mes mains à mon visage et à mon nez cassé, pestant mentalement en le replaçant. "Non mais! C'est quoi le problème avec mon nez!?! Est-ce que vous ressentez vraiment le besoin de le casser comme ça tout le temps? " Je serai la mâchoire de douleur, et la vue de Jayden se dirigeant dangereusement vers son couteau me ramena brusquement à la réalité.

Je ne fis qu'un seul pas en avant avant de bondir sur lui de toutes mes forces pour le plaquer au sol. Des années à jouer au football américain à Détroit m'avaient donné la technique, l'adrénaline m'avait fait réaliser le plus beau plaqué de ma vie. Pourtant, je ne m'attardais point sur ma performance sportive; Jayden tendais toujours la main vers le canif ouvert, et avant que je ne puisse l'en empêcher, il le saisit par la lame et du sans se mit à dégouliner sur la moquette du couloir. Je poussai un gémissement-hurlement d'effort et de protestation en bandant mes muscles au summum de leurs capacités pour ramener le bras vers moi tout en retenant le couteau de trop se rapprocher de lui, et en combattant de toutes mes forces pour qu'il ne puisse pas se relever. J'entendis une porte s'ouvrit, mais n'y portai pas attention.

Malheureusement, je pèse à peine une dizaine de livre de plus que Jayden; c’est bien trop peu pour retenir un homme gonflé à l’adrénaline. Dès qu’il réussit à libérer une jambe, il se redresse brusquement, à quatre pattes, et je me retrouve projetée contre le mur, mais je tiens toujours son bras. Des cris de protestation dans la chambre. Son sang coule le long de son bras et rends ma prise glissante. Sauf que je sais que je ne dois ne pas lâcher avant d’avoir le couteau, et la situation devient précaire. Je me pousse sur le mur, il est à quatre pattes, le couteau dans une main, et je suis étendue sur son dos, tenant son abdomen entre mes cuisses et les jambes croisées sous lui pour ne pas qu’il m’échappe, poussant sur son bras gauche, son bras d’appui, du mien, dans l’espoir de le faire tomber.

Je sens la lame s’enfoncer un peu plus alors que la tueuse me tient au sol et tente de ramener mon bras vers elle. Je ne dois surtout pas lâcher, pas maintenant! Cependant, je ne suis pas stupide au point de me couper les nerfs et les tendons en serrant trop la lame, alors je tente de faire le plus attention dans ma manœuvre, puisque si je perds l’usage complet de ma main, je suis fait, je ne pourrai plus lui tenir tête, et je ne veux plus rien savoir de tout ça, je ne veux pas qu’elle gagne et me garde ici. Après un moment, je réussis à dégager l’une de mes jambes, me permettant de me redresser à quatre pattes et projetant ainsi Otilie sur le mur, mais elle ne lâche pas pour autant mon bras, m’empêchant toujours de saisir correctement le couteau. Je resserre un peu mon emprise malgré les risques encourus et à cet instant, elle se jette sur mon dos et tente de me faire tomber.

J’essais de tenir bon, je ne veux pas laisser passer ma chance, pas une deuxième fois! Pourquoi elle s’obstine à me garder en vie? Elle m’a tout enlevé, c’est une meurtrière et rien d’autre, pourquoi veut-elle tant que je reste en vie? Pourquoi vouloir me sauver comme cette fois dans la ruelle? Pourquoi!? Je sens alors une douleur de plus en plus aigüe dans mon bras gauche, ma plaie au poignet étant beaucoup trop sollicitée par la position actuelle, et plus la douleur s’intensifie, plus je serre la lame, je ne veux pas que ça se termine comme toutes les autres fois, je veux en finir pour de bon! Je tiens bon pendant quelques instants, mais mon corps ne peut supporter tout ça en même temps, et je finis par perdre mon appui, m’effondrant sur le côté. Je me cogne la tête, lâche le couteau au passage, sonné par le choc. Mon visage traduit une expression de douleur, ramené soudainement un peu plus à la réalité, mais la crise n’est pas complètement passée.

Je me tourne sur le dos et je sens des mains se plaquer sur mes épaules pour me garder au sol. J’ouvre les yeux et vois Otilie par-dessus moi qui ne bouge pas, prête à me maîtriser si je tente quoi que ce soit. À côté, je vois le blond, cette personne que je n’arrive plus à reconnaître, qui prend mon canif et s’éloigne pour le garder hors de ma portée. Je tourne alors la tête vers l’assassin de mon ami et la regarde dans les yeux. Je ne comprends pas pourquoi elle fait tout ça, pourquoi moi? Pourquoi me garder en vie? Elle a tiré Damien sans, hésitation, mais m’a épargné, me laissant avec son cadavre… Ma respiration est saccadée, perturbée par la douleur physique et psychologique, l’adrénaline commençant à perdre son effet. Je n’ai plus aucune chance, ma main droite est inutilisable et mon bras gauche affaibli à cause de l’entaille sur mon poignet, j’ai échoué encore une fois… Inévitablement les larmes me montent aux yeux et coulent de chaque côté de mon visage alors que je fixe toujours la jeune femme. Pourquoi ne comprend-elle pas ma douleur? Pourquoi personne ne comprend le mal qui me ronge? Pourquoi personne ne comprend que tout ça, c’est trop maintenant? Je n’essais même pas de me débattre, mais je réussis tout de même à dire d’une voix rauque et étouffée :

- Why? Why didn’t you kill me that night? Why didn’t you kill me with him?

Ma gorge est serrée, ma voix tremble, en fait, tout mon corps tremble, je suis désespéré, je ne sais plus quoi faire ni quoi penser... S’il vous plaît, je ne veux plus souffrir…

Administrateur Messages : 181 Date d'inscription : 08/11/2011

Je sentais Jayden commencer à trembler sous mon poids et la pression que j'imposais à ses bras, et je voyais sa main se serrer plus fort sur la lame du canif. Je grimaçai un peu, et j’espérai, le temps d'une seconde, qu'il ne se blesse pas gravement. Soudainement, il tomba sur le côté, et je ne réussis à me libérer qu'à la dernière seconde avant que sa tête ne heurte violemment le sol, lui faisant lâcher le couteau sous le choc. Je n'eus même pas besoin de crier à Sky de prendre l'arme avant qu'il ne le fasse, et pour une fois je le remerciai de sa présence d'esprit. Je n'eus qu'à peine le temps d'y penser que Jayden se retourna sur le dos et que je le plaquai au sol par les épaules. Ses yeux s'ouvrirent, et j'eus l'impression que sa pupille noire, au milieu de cet océan de sang, était réellement le scalpel de mes cauchemars, qu'elle me transperçait comme elle avait voulu le faire ce soir là où je l'avais ignorée. Sa respiration était saccadée, difficile, et son regard souffrant qui tentait d'embrasser la situation me faisait l'effet d'une lame chauffée à blanc, d'une lame de glace si froide qu'elle brule. Je serrais la mâchoire, et tout mes muscles étaient encore tendus, et puis, alors que je le regardais dans les yeux, des larmes se mirent à couler de ceux-ci, silencieusement, et je ne pouvais rien faire, que le regarder. Sa voix tremblait, elle est faible, presque un murmure, mais je l'entendis, distinguai les mots et ils me déchirèrent.

- Why? Why didn’t you kill me that night? Why didn’t you kill me with him?

Ce soir, je ne suis rien, rien que la meurtrière, celle qui a tué Damien, celle qui tua sans remords son meilleur ami, celle qui ne fit rien pour empêcher son père de mourir. Je ne suis rien d'autre que ce que je n'arrive pas à fuir; je ne peux pas fuir ce que je suis. Son regard si doux et dur, plein de larmes, m'épingle comme un papillon dans un cadre d'entomologiste, et je ne peux pas bouger face au miroir de mes actes. Je n'ai jamais culpabilisé sur mes meurtres, mais ce soir je me demande, combien de gens est-ce que j'ai blessés ainsi? Mais j'oublie les autres, parce que devant moi gis mon ami, et je n'ai pas le droit de le consoler; c'est moi qui ai achevé de le briser.

-It's because you had ears, like me, and I... I... I don't know.

Ce soir là, ma détermination, mon insensibilité avaient fléchies, et je voyais dans ses yeux qu'il aurait tellement voulu que ce ne soit pas le cas. Je n'ai jamais regardé mes victimes dans les yeux, c'est peut être pourquoi. Parfois, les raisons de nos actes nous semblent tout simplement obscures, mais je n'arrivais pas à regretter mon hésitation... Égoistement. Je me battais pour que quelqu'un d'autre vivre, contre son gré, et j'étais déterminée à ne pas perdre.

Option R Messages : 50 Date d'inscription : 10/11/2011

Le temps. Ouais, c’est ça. Le temps n’avait plus d’importance à cet instant précis. Le temps était flou, sans signification précise. Peu importe l’heure, peu importe combien de temps j’ai passé dans le corridor à regarder Jayden piquer la plus grosse crise nerveuse de sa vie (sans doute). Ses yeux semblaient remplis d’un vide. Rempli de l’éternel vide qui le constituait jusqu’alors. Malgré que ses yeux me fassent froid dans le dos, je ne détournais pas le regard, oubliant presque que Lie était là. Ne me concentrant que sur lui, que sur celui qui un a jour a été mon ami…

- Damien or not, I don’t care…

Je ne détournais pas le regard, l’affrontant presque. Et puis quoi après. Il va me dire qu’il aurait frappé ainsi n’importe qui? Je suis assez naïf, mais je ne crois pas que ça aurait été le cas. C’est parce que je ressemble comme deux gouttes d’eau à celui qui a un jour eux le statut de « meilleur ami » pour Jayden. Mais moi, je suis quoi? Je ne suis qu’un blond aux yeux bleus, un type qui vient de loin et qui n’était même pas au courant que, à des milliers de kilomètres de chez lui, de l’autre côté de la Terre, existait un gars qui lui ressemblait comme un sosie.

La démence habitait Jayden, c’était évident. Plus que clair, il était fou! Carrément! Quand il n’est même plus capable de faire la différence entre moi et un type mort depuis je-sais-pas-quand. C’est tellement fou que moi-même je n’y comprends rien. Non, attendez une minute, je n’ai jamais compris quoique ce soit! Surtout pas de cette histoire!

- Don’t you see? Everything’s wrong, I can’t take it anymore, why won’t you get it!? All my reasons to live are gone, my presence brings grief and bad luck to all those I love, so why, why am I still here!? You won’t stop me this time, I’ll end this and you won’t stop me!

Mes yeux changèrent de Lie à Jayden. Les deux comprenaient ce dont l’autre parlait, ce qui ne faisait que me rendre d’autant plus confus. Mais de quoi il parle, il allait quand même pas se tuer lui-même pour pouvoir aller rejoindre Damien. C’était d’autant plus stupide et dément.

- Why? Why didn’t you kill me that night? Why didn’t you kill me with him?

Kill who? Attend quoi? Lie a tuée… Lie est responsable de la mort de Damien? C’est elle qui a fait en sorte qu’il devienne aussi débile!?

-It's because you had ears, like me, and I... I... I don't know.

Déclic dans mon esprit. Ouais bon, je suis souvent perdu, surtout dans les conversations entre ces ceux-là. Mais un déclic ce fit dans mon esprit. Ils avaient vécu plus ensemble que je ne l’aurais cru… quoiqu’il en soit, je n’allais pas resté là à regarde alors que Jayden est sur le point de se tuer avec un fichu couteau! Lie a eu la rapidité pour le lui enlever, et j’eu la rapidité d’esprit pour le ramasser au sol. Le canif est de pleins de sang, du sang d’un type qui a trop souffert.

Je pris le canif et reculais, ne me souciant même pas du fait qu’aucun d’eux ne s’en rendait compte. C’était mieux comme ça, après tout. Je tournais les talons et quittais l’étage, descendant vers la salle d’étude. Je ne voulais pas être mêlé à ça, même si je sais que, un jour ou l’autre, je vais devoir faire partie de toute cette histoire.

Administrateur Messages : 181 Date d'inscription : 08/11/2011

Des pas qui s'éloignent. Je lève les yeux une seconde, et je vois Sky qui s'en va, sans se retourner, le couteau ensanglanté dans la main. Puis j'entends les voix; certaines dans les dortoirs, mais la plupart des chuchotements proviennent du couloir lui-même; ils sont peut-être une demi-douzaine à avoir ouvert les portes de leurs chambres et à regarder la scène sans rien y comprendre. En quelque secondes, je catalogue les gens que je vois, sans pourtant y porter attention; il y a le noir, le supposé loup, Ray, un dénomé Samuel et quelques autres personnes que je ne reconnais pas dans l'instant. Soudainement, l'idée de Sky de partir me semble des plus judicieuses, et à peine une seconde s'est écoulée alors que je rebaisse les yeux vers Jayden. Ses larmes me tuent et son sang tache la moquette du corridor, et je sais qu'en ce moment, il ne veut que mourir. Je sais, douloureusement, que si il avait voulu que quelqu'un soit là pour l'en empêcher, de toutes personnes, ce n'aurait pas été moi, mais je n'ai pas la force de me laisser affaiblir par cette pensée.

Je me relevai donc d'un coup, saisissant au passage le bras poisseux de sang de Jayden et le relevant avec moi. Puis je commençai à courir vers l'escalier; il fallait un endroit calme, loin de tout le monde, et la chambre de Jayden ne ferait pas l'affaire; c'était trop près des autres gens et je ne savais pas si Sky y était retourné. La buanderie, me dis-je: là, personne ne nous dérangerait. Je n'avais pas fait deux pas que Jayden trébuchait. Je ne sais pas exactement comment je fis, mais sans vraiment m'arrêter, je le rattrapai, passai son bras sur mes épaules et mon bras dans son dos et me remis à courir un peu moins vite. Comme j'entendais des gens nous emboiter le pas, je me retournai d'un bloc (du moins, autant qu'il était possible) et criai d'une voix basse:

-There ain't nuthin to see here, so go the fuck in ya rooms! FAST!

Puis je commençai à descendre les marches, portant presque mon ami qui se débattait vaguement, faiblement, pour se libérer de mon étreinte, mais il y mettait si peu d'énergie que s'en était inquiétant. Rendu au bas des marches, je maudis le hasard qui faisait en sorte que la buanderie fut à l’extrémité du couloir, mais j'avais préféré emprunter les escaliers les plus proches que de passer au travers tout le monde. Jayden avait cessé de s'agiter, et maintenant il ne faisait que sangloter sans bruit en s'appuyant, involontairement je le crois, sur moi. Le sang de son bras rendait mon chandail humide, et nous marchions maintenant. Inutile de réveiller plus de gens en courant. Nous arrivâmes devant la porte de la buanderie, et alors que je posai la main sur la poignée, un coup de tonnerre retentit. Aussi soudainement que le son était parvenu à nos oreilles, Jayden se remit à se débattre de plus belle, marmonnant en français. Le grondement se fit un peu plus fort, et il ouvrit les yeux grand comme des soucoupes, sa voix montant dans des aigus de plus en plus sonores. Il ne me fallut que ce moment pour comprendre qu'il avait peur des orages et ouvrir la porte qui -Merci bon Dieu- n'était pas verrouillée. Je me saisis du bras de Jayden qui avait réussi à se libérer et le tirai en dedans à ma suite, bien que le roulement de la foudre le fit toujours tourner des yeux et planter ses talons dans le sol. Je refermai la porte au passage sans laisser le temps à mon ami de se retourner. Le forçant tant bien que mal à "courir" derrière moi, je nous dirigeai vers la salle des buandières, tout au fond de la buanderie, et je faillis soupirer de bonheur en voyant que cette porte là aussi avait été laissée déverrouillée. Nous entrâmes dans le petit local sombre aux murs couverts d'étagères remplies de literie, et je fermai la porte après nous, mettant en place le verrou après avoir fermé le battant. Je m'appuyai contre celui-ci une seconde, contente que combiné avec les draps il nous coupe presque entièrement des sons de la tempête.

Puis, comme une balle de fusil, alors que le souffle de Jayden se calmait sans qu'il ne cesse pourtant de sangloter, la vérité me frappa. J'avais failli le perdre, pour de vrai. Sans Sky, il serait mort, ce soir. Être arrivée seulement une minute plus tard, avoir été moins forte, moins agile, moins rapide, il serait mort, ce soir. Et j'aurais perdu mon seul ami. Je n'avais pas vraiment le droit de revendiquer cela, mais la douleur de cette possibilité me coupa le souffle une seconde, et je me laissai glisser au pied de la porte, forçant de ce fait Jayden à s'asseoir à côté de moi (je n'avais pas laché son bras). J'avais envie de le serrer contre moi de toutes mes forces, de savourer pouvoir le prendre dans mes bras et le savoir en vie, mais je n'en fis rien. Je portai plutôt une main à mon visage, pinçant le haut de mon nez entre l'index et le pouce, et saisi sa main de l'autre.

-Next time yah tryin'ah kill yo'self, call me before, 'kay?

C'était assez stupide, et dire que c'était la seule chose qui m'était passée par la tête aurait été faut; seulement, d'entre toutes, c'était cette phrase là que j'avais dite, tout simplement.

Suite du RP --->ICI<---

» Nuit d'Orage [Pv: Otilie-Schatten Edelstein]
» Otilie-Schatten Edelstein
» Nouvelle Perspective [Otilie-Schatten Edelstein et Jayden Myriot]
» Renaissance d'un cauchemar [Avertissement; violence & vulgarité] [Otilie-Schatten Edelstein et Jayden Myriot]
» Deux phrases pour mille mots de silence [Otilie-Schatten Edelstein et Jayden Myriot]