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 Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ]

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Otilie-Schatten Edelstein
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Otilie-Schatten Edelstein


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MessageSujet: Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ]   Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ] Icon_minitimeMer 30 Nov - 22:05

Je sortis mon fusil, mon colt, mon bébé, de sous mon oreiller. Retrouver le confort de cette bosse dure et inconfortable sous ma tête chaque soir avait été en soi un petit bonheur, le plaisir de faire tourner les engrenages, de les huiler, d’astiquer le long canon de mon révolver à nouveau un soulagement. Ce n’étais pas un vrai bonheur, et en y cédant je tombais un peu plus bas, mais je refusais d’entendre cette vérité que je me criais, je l’écoutais sans m’en soucier. J’attachai le holster à ma jambe, par-dessus mes cargos, glissai un paquet de balles dans la pochette sous le fusil. Même l’affreuse perspective de revoir ma mère pendant une semaine, à Noël, ne gâchait pas ma joie (illusoire) de me sentir de nouveau en sécurité. Les négociations avaient été longues, mais j’avais réussi à tomber sur cet accord; un fusil, une semaine. J’aurais pu avoir les deux pour deux semaines, mais une semaine dans la maison de ma folle de mère étais une semaine de trop, alors en passer le double était hors de question. Je n’avais aucune idée de la façon dont ma mère avait procédé pour m’envoyer une arme à feu par la poste, mais je m’en fichais. Je l’avais avertie que je ne viendrais pas si elle ne m’arrivait pas dans les deux semaines, et elle s’était arrangée. Comment, ce n’étais pas mon problème. Je sortis une veste de ma penderie et la glissai sur mes épaules. Je retournai vers mon lit et me saisis de mon couteau, qui trainait sur ma table de chevet, avant de le glisser dans ma poche. La plupart des gens trainent leurs cellulaires et leurs MP3 partout, moi je trimbalais une lame de trois pouces. Chacun ses gouts. Je caressai la crosse de mon colt, jouissant de cette puissance et de toute cette beauté, des délicieuses irrégularités de sa poigne que je sentais enfin sous mes doigts. Je laissai le bonheur m’envahir, devenir ivresse, le forçai à enfler pour couvrir le froid. Je passai mon bandeau, ma casquette, un bandana noir à mon cou, tirai mon capuchon sur ma tête. J’ouvris la fenêtre, sortis silencieusement mes deux jambes. Je regardai dedans ma chambre. L’absence de Lena créait un vide, bien qu’elle ne me manque pas. D’une main, je refermai la fenêtre, et me jetai, pour ainsi dire, dans le vide, me rattrapant à la dernière seconde à une brique, une vigne, avant que mes pieds ne touchent le sol sans un son. Me cachant des surveillants, marchant d’un pas rapide, silencieux, déterminé, je me dirigeai vers la forêt qui s’étendait derrière les dortoirs.

Je n’avais pas froid. Il avait fait beau cette dernière semaine, tout était sec pour une des rares fois depuis que je vivais dans le climat pourri de l’Angleterre. La présence de mon fusil contre ma cuisse réchauffait mon cœur. Je n’avais pas froid. J’avais mon couteau, mon colt, rien ne me manquait, et jamais tout n’avais aussi bien été; j’étais loin de Détroit, de mes anciens problème, loin de ma mère et de mes souvenirs. Il n’y avait pas de malaise en moi, et cette boule dans mon ventre, cet étau autour de mes cotes n’existaient pas puisqu’ils n’avaient pas de raison d’exister. J’étais bien, j’étais détendue alors que je marchais en respirant profondément l’air pur de la campagne anglaise. Les choses n’auraient su aller mieux, et cela transparaissait dans mon humeur, même que j’étais si heureuse et en sécurité que j’avais décidé de ne pas m’entrainer ce soir. Ma jovialité était telle que j’avais plutôt décidé d’aller marcher dans la forêt. Avec un fusil, des cartouches et un couteau.

J’atteignis d’ailleurs bientôt la lisière du bois, passé le Pavillon V. (D’ailleurs, ils avaient quoi de spécial eux pour avoir un pavillon à part?). J’entrai sous le couvert des arbres d’un pas léger et sans soucis. Je caressai de nouveau la crosse de mon colt, et je convainquis la joie de m’envahir. Je poussai même un rire aussi léger que mon pas. Un peu forcé. Même moi, en fait, ne fut pas convaincue. Mais je m’entrainais si souvent, ce devait être la fatigue qui avait gâché cet éclat de pur bonheur. D’ailleurs, c’était elle aussi qui rendait ma respiration plus difficile. Je continuai à marcher, et ma vision nocturne améliorée par mes yeux à demi félin me faisait voir un monde d’une beauté irréelle. Du moins, c’était ce que je me disais. Après quelques minutes passées à m’enfoncer dans les bois, assez loin, je l’espérais, pour que personne ne m’entende (chanter), je m’assis sur le tronc d’un arbre mort. Prise d’un doute, (j’ai vraiment une voix forte et affreuse), je me mis à courir pour aller un peu plus loin dans la forêt; je voulais vraiment être sure que le son parvienne pas aux oreilles de mes voisins endormis. Je me trouvai donc un second arbre mort, à au moins quinze minutes du pensionnat. Je n’aurais pas cru qu’il me serait possible de prendre une aussi longue et belle marche de santé. Décidemment, ces dernières minutes avaient été très belles. Je sortis mon colt de son holster et déposai dans ma main, l’ouvrant pour avoir accès au barillet. J’avais une envie soudaine de manipuler l’objet de mon bonheur. Je sortis la boite de cartouches (des 0.357 Magnum, les meilleures pour mon Colt Python! Quelle joie!) de la poche du holster, et en pris 6 que je déposai dans ma main, mon revolver sur mes genoux. Je rangeai, de l’autre main, la boite, puis insérai mes balles dans mon barillet, le refermant et le faisant tourner avec jouissance, le son de ce mécanisme si bien huilé était si beau! Je souriais de toutes mes dents. Vraiment, quelle magnifique soirée!

À ce point, plus besoin de prétendre que mon bonheur était si grand. Mon sourire s’éteint soudainement, ma mâchoire se serra, je fermai les yeux le plus fort que je pouvais en déglutissant difficilement. Un étau invisible, le même que toujours, enserrait mes côtes et m’empêchais de respirer; je suffoquais. Une boule pesait dans mon ventre, comme si mes organes s’étaient enroulés les uns avec les autres, et son poids alourdissait chacun de mes mouvement, sa pression intérieure s’ajoutait à celle de l’étau comme pour que je m’étouffe définitivement. Je pris deux, difficiles, étouffées, respirations. Je refermai ma main sur la crosse de mon revolver, posai mon doigt sur la détente. C’était le temps des dernières pensées, je supposais. Je levai mon Colt. Ma main tremblait. Je n’avais pas beaucoup gens à qui penser. Ma mère, qui ne me verrai finalement pas pour Noël, mon père, que je retrouverai peut-être là-haut, si un là-haut il y avait… Et puis, Sniper. Il aurait eu raison depuis le début de la ligne, puisque au final, il avait gagné, même s’il ne serait jamais là pour le voir. J’avais hâte d’en finir, d’arrêter de suffoquer. Je posai le canon contre ma tempe. Je déglutis, encore plus difficilement qu’avant. Je tremblais, le canon ne cessait de se déplacer contre ma tête. Je l’appuyai plus fort, pour le maintenir immobile. Je fermai les yeux et serrai les dents, inspirant un grand coup, probablement le dernier. Je pensai à Jayden, et je fus un peu désolée pour lui qu’au final son aide n’ait mené à rien. Je bandai mes muscles et appuyai sur la gâchette.

Je me levai brusquement, hurlant de désespoir, et vidai mon chargeur sur le tronc d’un arbre tout près. Je continuai de hurler même après qu’il soit vide, baissant lentement mon fusil lorsque mes pressions répétées sur la détente ne provoquèrent plus de détonations. Lorsque le souffle me manqua, j’inspirai, avec l’impression que l’action de remplir mes poumons déchirait mes entrailles, et je gémis de détresse lorsque mon souffle court s’extirpa de mon corps toujours vivant. Je m’effondrais, enfouissant ma tête dans mes mains en sanglotant, frappant ma tempe du canon de mon Colt déchargé. Je n’avais que relevé le chien, je n’avais pas appuyé assez fort pour faire partir la balle et ma vie. J’avais choké.

J'avais choké et j'étais encore vivante.



Dernière édition par Otilie-Schatten Edelstein le Mer 11 Jan - 19:21, édité 1 fois
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Abhain Leslie

Abhain Leslie


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MessageSujet: Re: Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ]   Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ] Icon_minitimeMar 20 Déc - 20:03

L’air en cette nuit de fin d`année était limpide, sa chaleur était douce et sèche. Il était rare, en Angleterre, que la pluie ne déserte le ciel suffisamment longtemps pour que l’air perde son humidité, et les soirées comme celles-ci, où le ciel était si libre de tous nuages que les étoiles resplendissaient dans la compagne, étaient précieuses. J’appréciais tout temps et je voyais dans chacun la beauté, mais les exceptions ont toujours un charme étrange qui rehausse leur magnificence. Je passai un doigt sur l’écorce lisse d’un bouleau, savourant la vie lente qui pulsait en son cœur et qui par ses racines se liait à toutes celles autours. Les forêts étaient d’immenses réseaux de vitalité, d’immenses réservoirs de calme par le rythme ralenti auquel tout semblait s’y écouler.
Plus que la ville, j’aimais les bois, car le cœur de la ville pulse trop vite, hyperactif, pressé, bruyant, et n’a pas la quiétude sereine, le demi-silence qui règne entre les arbres. La nuit et le jour, dans l’un comme dans l’autre, révélaient chacun un visage, mais alors que les villes dorment ou veillent sous les pluies de lumières artificielles, la forêt, simplement, ne termine jamais son éveil apaisé.
C’était la fin de l’année, et dans l’école l’euphorie que provoque l’anticipation règne comme une reine folle, comme l’anarchie. Cette énergie était parfois revigorante, mais en même temps elle me fatiguait, mon esprit vieux n’arrivant pas toujours à suivre les pulsions des âmes jeunes, à marcher au pas avec mon corps trop juvénile pour les années qu’il avait traversé. Je faisais de mon mieux pour embarquer dans ce train, abandonner un instant mon être serein pour vivre à fond chaque seconde, mais parfois, le soir venu, le calme me manquait. Alors, je venais dans les bois derrière l’école, et je marchais jusqu’à ce que je me sente serein, rempli de l’énergie paisible qui nourrissait mon âme désormais. Et le lendemain je recommençais à vivre à ma façon la folie de la jeunesse.
Je respirai une fleur, savourai son parfum léger, son odeur sucrée et fraiche. Je fermai les yeux, m’emplissant du doux bourdonnement de la nuit et de sa fragrance, des sons qui forment le silence. Soudain, la quiétude fut brisée par une détonation, et je sentis, en sursautant, la forêt frémir avec moi. Quelque quelques coups de fusils retentirent encore, et un hurlement qui faisait la toile de fond du désordre. Puis le silence régnât, absence de son, avant que lentement la forêt inspire à nouveau, se libérant de son effroi, et que le vrai silence de la nuit ne reprenne ses droits. Pourtant, des sanglots l’entrecoupaient toujours. Intrigué, je décidais d’aller voir ce qui avait été cause de cette perturbation. Au bout de deux ou trois minutes de marche, j’arrivai près d’un arbre mort, et d’un autre arbre qui saignait, blessé, et dont la chair gémissait dans la clarté lunaire. Entre les deux, recroquevillé, gémissant, gisais un jeune homme, un revolver appuyé sur sa tempe. Sa respiration était hachée, sifflante, troublait l’harmonie. Et il ne saignait pas, alors que l’arbre si, et je devinai ce qui c’était passé. Passant à coté de l’arbre mort, je m’arrêtai à quelques pas de l’adolescent replié, et bien que je ne me souciai point de lui, parlai;


-Gentilhomme, tenir contre votre tempe ce fusil collé,
Comporte des risque que j’espère vous réalisez.


Bien entendu, je n’en espérais rien, et aussi immoral que cela puisse paraître, l’enfant pouvait succomber de sa propre main devant mon regard que celui-ci n’en serait pas bien troublé. L’âge brise la morale, et au fil du temps on devient insouciant d’une façon que l’homme ne peut se figurer. Ainsi, une mort de plus ou de moins ne serait qu’une poussière dans la mer de celles que j’avais contemplée, et la vie humaine pour moi n’était guère plus importante que celle d’un insecte. Tous deux étaient si éphémères.

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Otilie-Schatten Edelstein
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Otilie-Schatten Edelstein


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MessageSujet: Re: Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ]   Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ] Icon_minitimeMar 10 Jan - 20:42

Recroquevillé, au sol, respirant laborieusement, suffoquant sous le poids de la vie qui coulait encore dans mes veines. Le temps me semblait figé, comme s’il avait oublié de reprendre avec mon souffle, et mon cerveau se remettait lentement à tourner, submergé et paniqué par son incapacité à comprendre pourquoi il avait, à la dernière seconde, hésité, m’avait fait survivre. Des larmes s’extirpaient difficilement de mes yeux, coulant douloureusement sur mes joues, rivière mêlée de ma peur de la vie qui s’étendait de nouveau devant moi, de ma peur de mourir, de ma déception, de mon échec. La main qui tenait mon fusil tremblait, ainsi que tout mon corps.
Entre deux tremblements, j’entendis le son de pas s’approchant de moi. Soudainement, je ne me souciais plus de ce qui se pouvait bien être, et je restai tout aussi recroquevillée sur moi-même, sans essayer le moins du monde de me cacher ou de m’en aller. Les pas s’arrêtèrent près de moi. Je ne relevai pas la tête. La personne parla.


-Gentilhomme, tenir contre votre tempe ce fusil collé,
Comporte des risque que j’espère vous réalisez.


Je sursautai. Non seulement les paroles de l’homme étaient des plus étranges, mais je réalisé que j’avais cru, où espéré, je ne sais point, que ce fut Jayden s’approchant. Surprise et bizarrement déçue, je cessai un instant de pleurer. Je reniflai. Je n’aurais rien voulu plus qu’être seule, excepté être morte. Trop hagarde pour tenter d’analyser le style étrange de l’homme, je me contentai de comprendre ses paroles, qui étaient pour le moins étonnantes et stupides. Je levai vers lui des yeux rougis, puis appuyé sur la gâchette de mon Colt. Mon cœur se serra face à ma couardise, qui ne se souciait point de tirer maintenant que rien n’arriverait plus suite à cette action.

- Il est vide.

J’espérais que mon ton pour le moins inhospitalier suffirait à repousser l’étranger. Je ne voulais voir personne, je voulais oublier le monde, mon père, ma mère, Sniper, Mark, Sandy, Jayden, tous. Je ne voulais pas de cet homme étrange qui me forçait à vivre et à penser encore. Je voulais que tout s’arrête, pour de bon. La vie ne me semblait plus valoir la douleur et les souvenirs qu’elle m’imposait. La mort au moins, me proposait le vide et l’oubli, et je ne désirais rien de plus que de ne pas me souvenir.


- Allez-vous-en.


Je détournai le regard et me recroquevillai, mon revolver encore serré dans l’un de mes poings qui pendait mollement au bout de mes bras croisés au-dessus de ma tête dans une dernière tentative de me cacher. Je voulais m’enterrer dans mon désespoir et y disparaitre, y sombrer si loin que personne ne pourrait venir m’y chercher. Même Jayden.

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Abhain Leslie

Abhain Leslie


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MessageSujet: Re: Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ]   Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ] Icon_minitimeMar 10 Jan - 22:03

Le jeune homme eut un tressaillement plus puissant que les précédents, que j’interprétai comme un sursaut. Je ne m’étonnai point; je ne m’attendais pas à ce qu’il m’ait entendu venir. Lentement, il releva un visage dont les larmes qui le recouvrait brillaient légèrement sous la lune. Le ton hostile, il me précisa que le chargeur du revolver était vide, mais je me tendis tout de même un peu lorsqu’il appuya sur la gâchette. Je ne souciais guère qu’il vive où qu’il meure, mais le spectacle d’un crane explosant et de la pluie ensanglantée qui s’en suivait était malgré les nombreuses horreurs que j’avais contemplées très peu agréable. De plus, je préférai ne pas avoir à rapporter la mort, parce que même la plus grande sérénité ne rend pas la paperasse moins ennuyeuse et les plaidoiries moins désagréables. D’un autre côté, abandonner le cadavre et attendre que quelqu’un ne le trouve me semblait bien peu honnête malgré mon manque de valeurs morales. Somme toutes, j’étais passablement soulagé que le jeune homme ne mourut point tandis que je pouvais le voir, m’évitant ainsi des ennuis considérables.
Je me demandai un instant si j’avais un mot à ajouter avant d’obéir au regard du jeune homme qui ne désirai que mon départ. Sans pour autant me soucier de son sort, je ressentais un peu de pitié face à son désespoir. Il était triste lorsque la souffrance dépassait le désir naturel de vivre de tout être, malgré la beauté de cette tristesse. Donner son âme en offrande à la mort en échange du silence me semblait un marché beau et chagrin, et je me dis qu’au moins un poème aurait dû être dédié à cet échange sous la lune. Je me demandai quelles peines vivaient au fond du cœur de ce garçon. Les souffrances elles aussi sont telles des trésors, car elles sont l’essence des plus belles histoires, des plus tristes mélodies.


-Allez-vous-en.

Me dit le jeune homme, la gorge serrée par ses larmes. Il se recroquevilla, croisant les bras au-dessus de sa tête pour se cacher et oublier. Je tournai le dos et commençai à m’éloigner. Quelques pas plus loin, effleurant du doigt l’arbre blessé et ressentant sa souffrance, je me retournai et dit doucement :

-Ne blessez plus d’arbres sous la lune, garçon,
Les balles d’argent dans leurs chair sont comme larmes,
Et si leurs pleurs sont comme les tiens, chansons,
Contre leurs tristes notes ils n’ont pas d’armes.


Et je marchai au loin, ayant trouvé la quiétude d’un poème dans cette triste histoire. Le calme de la nuit se succéda au calme de mon bureau, la lumière de la lune à celle de ma chandelle.

Deux larmes comme signature,
Sur sa joue larme claire et pure,
Sur sa tempe larme de sang
Rubis rougeoie timidement.
Son âme vendue pour l’oubli,
Pacte sous les yeux de la lune.
La chandelle s’éteint comme une vie s’évanouit, et je cédai au sommeil.
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Otilie-Schatten Edelstein
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MessageSujet: Re: Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ]   Présence inoportune. [Pv; Abhain Leslie][TERMINÉ] Icon_minitimeMer 11 Jan - 19:17

« Allez-vous en… » Murmurai-je pour moi-même, la gorge si serrée que je gémis autant que je parlai. Je ne crois pas que l’homme m’entendis, mais je perçu bientôt le son de ses pas qui s’éloignaient. J’avais au premier pas craint qu’il vienne me voir, mais il avait au final écouté ce que je lui avais dit. Sur le moment, je ne réalisai pas que ce comportement était particulièrement étrange, et je me désintéressai de l’étranger dès que je su qu’il partait. J’étais seule, comme je l’avais voulu, et mon désespoir menaçait encore plus de déborder à nouveau, mais au moins personne ne me voyais. Je commençai, lentement, à rassembler mes énergies dispersées pour les concentrer de nouveau sur une action; mourir, et je tentais tant bien que mal, si je ne pouvais me déterminer à vivre, de me déterminer à achever au moins cette tâche. Puis, une voix me parvient, celle de l’homme étrange.

-Ne blessez plus d’arbres sous la lune, garçon,
Les balles d’argent dans leurs chair sont comme larmes,
Et si leurs pleurs sont comme les tiens, chansons,
Contre leurs tristes notes ils n’ont pas d’armes.


J’avais à peine levé un œil pour le regarder alors qu’il parlait, juste assez pour le voir alors qu’il partait, et pour apercevoir, sur le tronc de l’arbre que j’avais tiré, de la sève qui brillait un peu sur le long de son tronc comme des larmes. J’enfouis ma tête dans mes main, face contre terre, et je pleurai de plus belle. Je ne comprenais rien, rien à cet homme bizarre qui parlais en rimes, rien aux chansons des arbres, à la lune, à la vie, et pourtant je ne comprenais rien non plus de la mort. Je ne comprenais rien, rien de ce qui avait fait de moi une neko, rien de ma mère, et rien de Sniper qui, loin de m’avoir abandonné, avait été l’ennemi auquel je m’étais moi-même vendue. Je lui avais fait confiance, et pourtant… Rien, je ne comprenais rien. Et faute de pouvoir ou même, peut-être, de vouloir comprendre, je voulais oublier, tout oublier, pour de bon, et ne plus avoir à vivre avec mes souvenirs qui me tuaient un peu plus à chaque seconde.
Je m’agenouillai, et essuyait de ma manche un peu de mes pleurs. Puis, presque à tâtons dans la brume qui recouvrait mon regard, je sortis d’autres balles de ma poche, et mes mains tremblantes tentèrent de les introduire dans le barillet. Je dus en échapper au moins quatre sur le sol de la forêt avant d’arriver à mon but, et mes mains tremblèrent encore plus lorsque je le refermai. J’alignai la chambre contenant la cartouche au canon, puis, la gorge serrée, j’appuyai le revolver sur ma tempe. Mes yeux se remplirent d’eau, et je serai la mâchoire, sanglotant. Je pris un grand souffle. Adieu Bathilda, adieu Jayden. Puis j’appuyai. Ou du moins je voulu le faire, mais mon doigt manqua de nouveau de force, et je chokai encore. Je laissai sortir un soupir-sanglot, et abaissai le canon, le dirigeant vers l’arbre, mais je me souvins des paroles de l’homme juste avant de tirer. De colère, je lançai mon Colt sur l’arbre, en pleurant. Puis, comme un enfant qui dans un accès de fureur lance sa poupée contre le mur puis cours la reprendre pour la serrer contre lui, je rampai jusqu’à mon revolver et le pris délicatement dans mes mains. J’avais un peu peur qu’il soit brisé, que je ne puisse plus mourir, que j’ai perdu l’un de mes derniers souvenirs de mon père. Le barillet s’était ouvert, et j’avais perdu ma balle. Je fouillai ma poche pour en mettre une autre, puis je réalisai que je n’en avais plus. Elles avaient dû tomber pendant que j’étais en boule au sol. Je pensai à les chercher, puis j’abandonnai, car le courage m’avait manqué deux fois et je ne doutais pas qu’il me manquerait encore. Mon fusil dans les mains, mes yeux et mes larmes séchant lentement, je retournai m’asseoir sur le tronc d’arbre mort, et je regardai tour à tour mon arme qui luisait faiblement sous la lune et cet arbre dont la sève dessinait des larmes. Puis, je rentrai chez moi. Encore habillée, pleine de terre, je m’étendis sur mon lit et fixai le plafond jusqu’à l’aube. J’avais laissé mes larmes à l’arbre, mais mon cœur saignait encore.
Lorsque mon réveil sonna, je regardai un instant le soleil par ma fenêtre ouverte avant de me lever et de prendre une douche, regrettant la nuit qui n’aurait jamais dû se terminer et le jour qui n’aurait pas dû commencer.

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